Outre-Mer
12H13 - jeudi 10 septembre 2020

La rentrée de Sébastien Lecornu, le nouveau Ministre des Outre-Mer, sous le signe du développement des zones rouges. La chronique de Laurent Mairesse

 

Après quelques semaines à la tête du Ministère des Outre-mer, Sébastien Lecornu a fort à faire avec le passage en zone rouge de la Martinique, de la Guadeloupe, et de la Réunion dans le cadre de la pandémie de COVID-19, comme nombre de départements. Sans oublier les différents foyers sécuritaires qui augmentent comme à Mayotte à qui le nouveau ministre avait réservé sa première sortie.

La publication récente des membres de son cabinet dévoile une équipe jeune et dynamique, bien qu’une fois encore on déplore l’absence d’Antillais dans celui-ci, sauf un. Lorsqu’il s’agit de s’entourer de collaborateurs, on regarde dans son environnement proche. C’est que qu’à fait le nouveau Ministre en appelant à ses côtés comme Directeur de Cabinet M. Philippe Gustin qui a quitté ses fonctions de Préfet de Guadeloupe pour rejoindre l’hôtel de Montmorin.

Un tandem donc qui s’élance dans un dossier Outre-mer en perpétuelle évolution et non des moins compliqués. Il faut dire que ces deux hauts personnages se connaissent bien et se connaissaient déjà à l’UMP où ils ont pu redresser les comptes du parti.

Rappelons que 2021 sera l’année de tous les possibles avec les élections départementales et régionales qui vont à nouveau rythmer la course à la meilleure place ? Le changement de municipalités dans de nombreuses communes en Guadeloupe, entres autres, donnera le ton.

Cette semaine, le Plan de relance du Gouvernement a également été décliné pour les Outre-mer avec 1,5 milliard d’euros dédiés. Alors que les collectivités sont de plus en plus endettées, les dossiers de la gestion de l’eau toujours d’actualité, ce montant paraît bien maigre.

Le dossier de l’eau en Guadeloupe est d’ailleurs un sujet prioritaire selon ce qu’avait initié le Président de la République : sur le milliard et demi, la plupart des fonds y seront consacrés puisqu’il en va de la santé publique.

Le plan de relance est assez faible lorsque l’on parle d’embauche alors que sur ces départements il y a un réel problème de formations adaptées aux besoins et à la professionnalisation. Le tourisme et ses annexes sont cités mais sans points concrets de redéveloppement. Alors que les TPE, PME, artisans – commerçants ont réellement besoin d’aide pour se redresser, seuls 3% de l’enveloppe leur sont consacrés. Encore une fois ce sont les entreprises du CAC 40 qui sont favorisées.

Sur le plan économique, la crise amplifie les problèmes dans les entreprises avec de nombreuses procédures qui arrivent devant les tribunaux de commerce. Que sera la saison touristique lorsque alors que les rotations aériennes ne sont pas revenues comme avant. Le reviendront-elles d’ailleurs ? Déjà au moins 30% de personnel en moins sont constatés dans les domaines de l’hôtellerie-restauration.

Désormais, pour venir en Outre-mer, il faut montrer patte blanche avec un test PCR négatif à l’embarquement. Par contre, alors que le virus est en plein développement sur ces territoires, vous n’avez aucun test à faire dans l’autre sens. Cherchez l’erreur…

De plus en plus, un sentiment d’isolement gagne les Ultra-Marins.

 

Ne parlons même pas de la culture et de l’événementiel où tout est à l’arrêt comme en métropole.

 

Sur la plan sanitaire, il faut désormais vivre avec le virus : masques, gestes barrières, distanciation, en attendant un hypothétique vaccin dont plus d’un Français sur trois ne veut pas. Rappelons qu’à La Réunion, également en rouge, les choses ne s’arrangent pas.

Le Ministre aura aussi à suivre le prochain référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Pour rappel, le précédent en 2018 avait vu le NON l’emporter. La crise sanitaire et l’engagement du Gouvernement pour les Outre-mer changeront-ils la donne ?

Le temps est venu de repenser le fonctionnement des territoires d’Outre-mer. A force de faire des mesures, des plans, mieux vaut parfois remettre tous les compteurs à zéro. En passant à une VIème République, tout serait possible.

 

Laurent Mairesse

Conseiller éditorial d’Opinion Internationale et chef de rubrique « Opinion Outre-Mer »

 

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