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00H15 - lundi 17 décembre 2012

Jeunesse tunisienne libre mais sans perspective d’avenir : l’édito de Sarah Anouar, correspondante à Tunis

 

Il y a deux ans Mohamed Bouazizi avait provoqué, en s’immolant par le feu, l’étincelle qui a déclenché la révolution en Tunisie et le « printemps arabe ». Du soulèvement en Libye aux contestations populaires au Maroc, du changement de régime en Egypte à la révolution contre le régime de Bachar El-Assad en Syrie.

 

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Sidi Bouzid : la ville à l'origine de la révolution en Tunisie ©Magharebia/flickr

 

Par ce geste puissant et suicidaire, Mohamed Bouazizi avait revendiqué son droit à la dignité. Ce droit de pouvoir travailler librement en vendant des fruits et légumes sur un étalage pour gagner sa vie dignement dans la ville de Sidi Bouzid, après la confiscation de son outil de travail (sa charrette et son stock) par des policiers dont une policière qui l’avait également giflé. En allant au gouvernorat de Sidi Bouzid  pour tenter de se plaindre et de récupérer cet outil de travail, il a été expulsé des bureaux. Humilié, il s’immole ensuite par le feu devant le gouvernorat de Sidi Bouzid le 17 décembre 2010 succombant à ses blessures deux semaines plus tard. Geste de révolte ultime et révélateur du désespoir de la jeunesse face au pouvoir discrétionnaire de l’Etat et de la police tunisienne.

 

La mort de Mohamed Bouazizi a été le déclencheur d’une vague de contestation populaire, réprimée par le régime de Ben Ali dans les villes de Sidi Bouzid, Gafsa, Kasserine, Redeyef, Tala pour s’étendre vers les grandes villes à Sfax puis dans la capitale Tunis, où elle provoque le départ du président Ben Ali le 14 janvier 2011.

Cette révolution a révélé le désespoir de la jeunesse tunisienne issue des territoires particulièrement déshérités de l’intérieur mais aussi de la classe moyenne. Ce désespoir de la jeunesse souligne l’inquiétude des Tunisiens face au coût de la vie qui augmente et qui est notamment caractérisée actuellement pas la difficulté à trouver et acheter du lait et la spéculation qui fait augmenter les prix. De plus le climat d’insécurité dans le pays renforce les inquiétudes et ce mécontentement.

 

La Tunisie connaît actuellement une crise relevant d’une économie en berne, un tourisme au point mort, une situation sociale explosive caractérisée par un chômage important (17,6%  de la population active pour le second trimestre 2012 selon l’Institut National de la Statistique lors d’une conférence de presse le 13 septembre 2012), et la présence d’un mouvement extrémiste religieux. Deux ans après cette révolution, les Tunisiens sont libres et peuvent s’exprimer, en revanche la crise économique et sociale aggrave la situation de la jeunesse qui s’impatiente.

Les premières élections libres organisées le 23 octobre 2011 ont vu l’arrivée au pouvoir du parti islamiste Ennahda dans une coalition avec des partis de gauche: Le Congrès pour la République de Moncef Marzouki et le parti Ettakatol de Mustapha Ben Jafaar. Le gouvernement s’était engagé à faire évoluer rapidement la situation sociale et à prendre des mesures pour remédier au chômage de masse des jeunes.

 

Il y a quelques semaines, la ville de Siliana située dans le nord-ouest du pays a connu des contestations populaires organisées suite à l’appel de la centrale syndicale l’UGTT (L’Union Générale Tunisienne du Travail) le 27, 28 et 29 novembre 2012 et  réprimées violemment par  les forces de l’ordre. Les manifestants ont demandé la démission du gouverneur de Siliana, la mise en place d’un programme pour l’amélioration de la situation économique et sociale dans cette région défavorisée et la libération de jeunes manifestants arrêtés à l’occasion de manifestations en avril 2011.

 

L’UGTT avait aussi appelé à une grève générale pour le jeudi 13 décembre 2012 en demandant la condamnation du gouvernement et la dissolution des comités de protection de la révolution après la violente attaque de son siège à Tunis le 4 décembre dernier. Après des négociations de dernières minute avec le gouvernement de Hamadi Jebali, l’appel à la grève a été annulé par la centrale syndicale UGTT  en évoquant la situation sécuritaire dégradée dans le pays.

 

Sarah Anouar, correspondante à Tunis

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