Opinion Outre-Mer
17H27 - vendredi 3 octobre 2025

Un entrepreneur guadeloupéen enfermé à Lomé, Paris sommé d’agir

 

Un entrepreneur guadeloupéen enfermé à Lomé, Paris sommé d’agir

Depuis bientôt quatre mois, un entrepreneur guadeloupéen croupit derrière les murs d’une prison de Lomé. Son nom, Steeve Rouyar, est désormais sur toutes les lèvres en Guadeloupe, et ses élus n’entendent plus se taire. Dans un communiqué sec, transmis ce jeudi, les parlementaires de l’archipel somment Emmanuel Macron de s’impliquer personnellement pour obtenir son rapatriement. La demande est claire : sortir en urgence ce Français du centre pénitentiaire togolais où il a été placé en détention provisoire.

L’affaire aurait pu rester un drame familial discret si le père de l’homme détenu n’avait pas brisé le silence dès juillet, réclamant publiquement que l’État français prenne ses responsabilités. Sa supplique avait mis un visage et une voix sur une affaire jugée, jusque-là, trop lointaine. Dominique Rouyar racontait avoir enfin pu joindre son fils après des semaines d’incertitude. Il décrivait un homme en larmes, essoufflé, physiquement diminué. Cette détresse a fini par trouver un relais politique.

Les sept parlementaires guadeloupéens se sont emparés du dossier et, lors d’une réunion à l’Élysée cette semaine consacrée à l’avenir institutionnel des Outre-mer, ils ont glissé le sujet à l’oreille du président. Olivier Serva, l’un d’eux, a pris la parole pour rappeler que la France ne pouvait pas détourner le regard quand l’un de ses ressortissants se retrouvait enfermé à l’étranger après avoir participé, selon ses proches, à une mobilisation citoyenne. Le chef de l’État, écoutant ces élus ultramarins, a été prié de faire jouer son influence diplomatique. Manuel Valls, ministre des Outre-mer fraîchement arrivé, était présent lui aussi et a promis de « se mobiliser ».

La mobilisation politique rejoint désormais les demandes familiales. Dans leur texte commun, les parlementaires réclament que la protection consulaire, souvent invoquée mais rarement appliquée jusqu’au bout, soit pleinement utilisée pour ce détenu français. Ils exigent que « tous les moyens légaux » soient employés afin d’obtenir son retour rapide en France. L’affaire devient ainsi une question diplomatique ouverte, qui engage directement la responsabilité du pouvoir exécutif.

À Lomé, Steeve Rouyar, 44 ans, attend toujours une décision judiciaire, enfermé depuis son arrestation du 6 juin. Il aurait été cueilli en pleine rue, alors qu’il participait à une manifestation. Depuis, son sort se joue dans l’opacité du système judiciaire togolais, et son état de santé inquiète ceux qui ont pu lui parler.

L’affaire pourrait bien devenir un test de la capacité de l’État français à protéger ses citoyens loin du territoire national, surtout quand ils viennent d’Outre-mer et que leur voix porte moins loin dans l’opinion. La pression monte, et les élus guadeloupéens entendent maintenir la lumière braquée sur ce prisonnier français qui réclame, depuis Lomé, que Paris se souvienne de lui.

Patrice Clech

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