
Guadeloupe – le préfet face aux inquiétudes des producteurs de bananes
Mardi 23 septembre, le préfet de Guadeloupe, Thierry Devimeux, s’est rendu sur l’exploitation familiale de Bel Air à Capesterre-Belle-Eau. Ingénieur agronome de formation, il a pu constater sur le terrain les difficultés qui pèsent sur les agriculteurs, et en particulier sur la filière bananière frappée de plein fouet par la cercosporiose noire.
Ce champignon, qui attaque les feuilles des bananiers, oblige les exploitants à effeuiller leurs plantations parfois deux fois par semaine. Une opération coûteuse en main-d’œuvre et qui, malgré tout, réduit le rendement : les bananiers produisent moins de fruits qu’auparavant, forçant les agriculteurs à dépenser davantage pour récolter moins. L’exploitation visitée, qui combine production porcine et culture de bananes sur 12 hectares, illustre cette équation difficile. Chaque année, elle produit environ 550 tonnes de bananes, essentiellement destinées à l’exportation.
Au-delà des problèmes phytosanitaires, la filière bananière s’inquiète des récentes modifications du POSEI, le programme européen de soutien aux agricultures ultramarines. Francis Lignières, président du groupement bananier, a dénoncé devant le préfet la ponction de 500 000 euros sur l’enveloppe guadeloupéenne pour financer la diversification agricole en Martinique. Une décision jugée « inacceptable » par les producteurs, déjà fragilisés.
Face à cette colère, Thierry Devimeux s’est voulu rassurant. Il a assuré qu’il porterait la voix des agriculteurs guadeloupéens au ministère de l’Agriculture, lors d’une rencontre prévue à Paris avec plusieurs élus des Outre-mer.
Les difficultés dépassent la seule banane. Les acteurs de la filière alertent sur le désintérêt croissant des jeunes pour l’agriculture, qui menace la relève. Ils appellent à l’organisation d’« états généraux de l’agriculture » afin de poser un diagnostic partagé et définir des solutions durables.
Le préfet, qui a présenté cette visite comme une première étape, a assuré que l’agriculture occuperait une place centrale dans son action. « Comprendre les forces et les faiblesses de l’agriculture guadeloupéenne » sera, selon lui, la clé pour défendre efficacement les producteurs auprès de l’État.
Patrice Clech

















