
Nouvelle-Calédonie : l’alcool interdit à la vente pendant onze jours
Les Calédoniens vont devoir lever le coude… autrement. À partir de ce jeudi 18 septembre, et jusqu’au dimanche 28 inclus, la vente d’alcool à emporter est interdite sur tout le territoire. Une mesure exceptionnelle décidée par le haut-commissariat, officiellement pour prévenir les débordements liés aux nombreuses manifestations et événements annoncés dans les prochains jours.
L’arrêté, signé le 15 septembre, prend effet dès six heures du matin. Pendant onze jours, impossible donc d’acheter une bouteille dans les commerces habituels. La décision intervient dans un climat déjà tendu : l’USTKE appelle à une grève générale dès ce jeudi, et d’autres rassemblements sont attendus, sans que l’État ne les détaille.
La restriction, toutefois, n’est pas totale. Les bars et restaurants peuvent continuer à servir de l’alcool à consommer sur place, et l’aéroport de Tontouta bénéficie d’une dérogation pour permettre aux voyageurs d’acheter leurs bouteilles aux horaires des vols internationaux. Mais pour le reste de la population, le stock devra être fait d’avance — ou la sobriété imposée.
La mesure surprend d’autant plus que quelques jours plus tôt, le haut-commissariat avait démenti des rumeurs de couvre-feu circulant sur les réseaux sociaux. Le visuel annonçant une interdiction de l’alcool du 16 au 24 septembre avait été qualifié de faux. Finalement, si le couvre-feu n’existe pas, l’interdiction de l’alcool, elle, est bel et bien réelle, prolongée jusqu’au 28.
Ce n’est pas la première fois que l’État serre la vis sur l’alcool en Nouvelle-Calédonie, régulièrement pointé comme un facteur majeur de violences, d’accidents et de troubles publics. Mais la durée de cette interdiction, onze jours consécutifs, frappe par son ampleur. De quoi nourrir à la fois les critiques sur une mesure jugée liberticide et les espoirs de voir les rassemblements se dérouler sans heurts.
Entre les impératifs d’ordre public et la frustration des consommateurs, le pari est risqué : un territoire déjà agité par la contestation sociale pourrait ne pas goûter longtemps à cette nouvelle sobriété imposée.
Patrice Clech

















