Opinion Outre-Mer
15H17 - vendredi 19 septembre 2025

Le bouclier qualité-prix martiniquais s’élargit, mais les doutes persistent

 
Le bouclier qualité-prix martiniquais s’élargit, mais les doutes persistent

Le bouclier qualité-prix martiniquais s’élargit, mais les doutes persistent

Depuis ce matin, le fameux bouclier qualité-prix martiniquais change de dimension. Le dispositif passe de 134 à 180 produits, avec une nouveauté symbolique : l’entrée des fournitures scolaires, jusqu’ici exclues, et la création d’un « BQP bricolage » couvrant 36 articles. De quoi afficher une volonté d’élargissement, mais pas forcément de quoi calmer le scepticisme des consommateurs.

Le préfet Étienne Desplanques, entouré de représentants de l’État, de la grande distribution et d’associations, s’est félicité de l’accord signé après trois mois de négociations. L’objectif affiché : élargir l’éventail des produits accessibles à prix plafonnés dans un territoire où 70 à 80 % de l’alimentation est importée, et où les prix grimpent en moyenne 40 % plus haut que dans l’Hexagone. Le message officiel est clair : protéger le pouvoir d’achat et renforcer la transparence.

Ce dispositif n’est pas sorti de nulle part. Il est l’un des volets du protocole de lutte contre la vie chère, conclu en octobre 2024 dans un climat de colère populaire ponctué d’émeutes. Mais un an plus tard, les chiffres rappellent que le chemin est long : en juillet dernier, l’Insee constatait encore une hausse des prix de 0,8 % sur un an. Autant dire que le bouclier peine à contenir l’inflation réelle ressentie dans les foyers.

Le nouveau panier se veut plus diversifié. Aux quatre sous-paniers existants (alimentation, hygiène, entretien, produits infantiles) s’ajoutent donc les fournitures scolaires, au nombre de 14, ainsi qu’une offre bricolage répartie dans sept enseignes de l’île. Prochain objectif annoncé : un « BQP automobile » destiné aux pièces détachées et services d’entretien, toujours négocié avec importateurs et distributeurs.

Reste à savoir si l’impact sera réel ou s’il s’agit surtout d’un exercice de communication. Les consommateurs connaissent la mécanique : les protocoles sont signés, les engagements affichés, mais les prix en rayon, eux, ne cessent de provoquer l’indignation. Entre la marge des importateurs, la faiblesse des contrôles et la difficulté à sanctionner les dérives, les doutes s’accumulent.

La préfecture mise sur la visibilité du dispositif et sur une meilleure couverture des besoins de la vie courante. Les associations, elles, rappellent que l’inflation ne se limite pas au panier d’épicerie, mais frappe aussi l’énergie, les loyers et désormais la scolarité. L’arrivée tardive des fournitures scolaires dans le BQP illustre ce retard à l’allumage.

Pour l’heure, la population est invitée à constater par elle-même les effets de cette extension dans les rayons. Mais les Martiniquais savent déjà que la bataille contre la vie chère ne se gagnera pas uniquement à coups de listes de produits. Elle se joue sur le terrain plus vaste d’une économie dépendante, de marges opaques et d’une concurrence limitée. Le bouclier qualité-prix version 2025 élargit son champ, mais la véritable question reste la même : jusqu’où protégera-t-il vraiment le portefeuille des familles ?

Patrice Clech

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