
La Réunion, Étang-Salé – la guerre du sable blanc secoue la commune
Un grain de sable s’est glissé dans le projet sportif de l’Étang-Salé, et pas des moindres. Importé tout droit d’Égypte, le sable blanc étalé sur le terrain multi-activités de la plage fait aujourd’hui l’objet d’une vive contestation. Une pétition lancée par le collectif citoyen « L’Étang-Salé Solidaire et Écologique », emmené par Vincent Defaud, a déjà récolté plus de 3 000 signatures, preuve que le sujet dépasse largement les cercles militants.
« Voilà comment on défigure une magnifique plage de sable noir », s’insurge le responsable local de Génération Écologie, qui dénonce à la fois un non-sens écologique, une aberration économique et une faute culturelle. L’affaire a pris de l’ampleur grâce à la mobilisation sur le terrain, mais aussi à la caisse de résonance des réseaux sociaux et de quelques influenceurs. Pour Defaud, futur candidat aux municipales, l’opération illustre une privatisation rampante de l’espace public, maquillée en projet sportif.
Car sur le papier, le projet est bien avancé. Lancés en février, les travaux touchent à leur fin : grillage posé, bâtiment en bois pour le stockage terminé, et surtout, 400 tonnes de sable de silice débarquées sur la plage, dont 40 tonnes mises de côté pour un usage ultérieur. Le tout pour un budget global dépassant les 548 000 euros, dont 460 000 consacrés aux travaux.
La municipalité, elle, assume ses choix. Elle parle de « confort thermique » et de « conformité sportive », arguant que certaines disciplines nécessitent ce type de sol. Elle rappelle aussi que l’opération n’a rien d’illégal : plusieurs délibérations en conseil municipal, toutes les autorisations délivrées sous l’œil de la DEAL et de la Douane. Et pour relativiser la polémique, la Ville cite ses deux courts de tennis en terre battue ocre importée : personne, à l’époque, n’y avait trouvé à redire.
Sauf que la comparaison ne passe pas auprès des opposants, qui voient dans ce sable blanc une faute symbolique majeure : recouvrir le sable noir emblématique de l’Étang-Salé d’une matière exogène, importée au prix fort, serait une trahison de l’identité locale. L’affaire est désormais sur plusieurs fronts : celui de la rue, avec des signatures qui continuent de s’accumuler, mais aussi celui des institutions. Le collectif a écrit au préfet pour réclamer des vérifications sur la légalité et l’impact environnemental de l’opération.
Ce mercredi 17 septembre, le conseil municipal devrait être animé. D’un côté, une mairie campée sur son projet, forte de ses autorisations. De l’autre, un collectif décidé à prolonger la bataille jusqu’au bout. Entre confort sportif et attachement au patrimoine naturel, la commune d’Étang-Salé s’offre un affrontement où chaque grain de sable compte.
Patrice Clech

















