
La rupture totale devait s’enclencher dès le 1er septembre… Et il s’y préparait depuis longtemps.
Depuis des mois Rodrigue Petitot, le fameux « R », et son groupuscule du RPPRAC appelaient à remettre le feu à la Martinique à partir du 1er septembre. C’est-à-dire un an après avoir déclenché la terreur sur l’île sous prétexte de mouvement contre la vie chère. On se souvient qu’en 2024, pendant presque deux mois, des violences physiques sur les biens et les personnes, des menaces de mort, des agressions sur le préfet de la République, des entreprises incendiées, des maires menacés ont plongé la Martinique dans un climat de terreur et de haine.
Heureusement il semble que le feu de paille allumé début septembre se soit éteint rapidement.
Pendant trois jours, du 1er au 3 septembre, des blocages de l’île ont bien été orchestrés dans quelques quartiers et ronds-points de Fort-de-France mais, de jour en jour, ils ont été moins nombreux et surtout menés par des groupes extrêmement restreints.
Des faits de violence très graves ont toutefois été commis : cinq gendarmes ont été blessés par balles, une boulangerie a été attaquée, des véhicules incendiés et endommagés.
Cet échec de la mobilisation devrait rassurer ceux qui se lèvent tôt pour aller travailler, étudier et bâtir la Martinique de demain.
Il faut dire que l’Etat a été présent et a assuré l’ordre. Une semaine après la venue de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, qui a fortement galvanisé les troupes chargées de l’ordre public, les forces de l’ordre, aidées par des effectifs venus de Guyane, ont levé les rares barrages et ont interpellé des manifestants dès le 2 septembre, notamment deux d’entre eux lors de la mobilisation du RPPRAC au rond-point de l’aéroport Martinique Aimé Césaire, au Lamentin. Ils ont été placés en garde à vue pour rébellion, entrave à la circulation et participation à un attroupement illégal.
Plus important encore, dans un entretien sur Martinique la Première, le préfet Etienne Desplanques a très vite mis en cause directement le RPPRAC dans ces violences, en les reliant également à la délinquance locale : « Dans certains quartiers, les choses ont été clairement activées par les militants du RPPRAC, ce qui favorise les violences nocturnes ». Et d’ajouter : « Sur les barrages, ce sont des individus armés qui ont un lien avec la criminalité. » Le préfet a donc clairement visé « un noyau dur de militants du RPPRAC » et « des individus issus de la délinquance, activés dans une logique de pillage ».
S’il faut se féliciter de cette réactivité de l’Etat, deux questions se posent : pourquoi la justice n’a pas interpellé ce « noyau dur de militants du RPPRAC » pour qu’ils rendent des comptes à la société de leurs agissements totalement illégaux ?
Sans une justice extrêmement ferme, qui rend ses décisions, rappelons-le, au nom du peuple français, l’exécutif aura beau être aux aguets et les forces de l’ordre sur le terrain, la guerre contre ce cocktail détonant qui associe mouvements indépendantistes radicalisés, délinquance urbaine, trafic d’armes et narcotrafic ne pourra être gagnée.
Ensuite, on peut s’étonner du silence de la plupart des leaders politiques, tant en Martinique qu’au niveau national.
Ainsi le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a refusé les 4 et 5 septembre de répondre à nos questions pour condamner ces violences qui menaçaient une fois de plus la Martinique. Une de nos questions devaient être trop gênante pour le ministre aujourd’hui démissionnaire : « Au vu des dernières déclarations du préfet qui incrimine directement le RPPRAC, regrettez-vous de les avoir rencontrés en mars dernier lors de votre visite en Martinique ? ».
Il reste que si le RPPRAC est aujourd’hui fragilisé, son idéologie risque de retrouver des couleurs avec la tenue les 2 et 3 octobre du Congrès de la rupture organisé par la CTM, la Collectivité Territoriale de Martinique, et son président Serge Letchimy.
Depuis des mois, nous alertons sur l’alliance idéologique objective entre la « rupture totale » réclamée par Rodrigue Petitot et la rupture prônée par Serge Letchimy, sur fond, une fois de plus, de silence des élus locaux, à part quelques voix courageuses trop isolées.
Sous prétexte d’affaiblir l’État français au nom d’un héritage post-colonial totalement dépassé, ces ruptures, – les Martiniquais doivent en prendre conscience -, auront pour résultat de fragiliser les possibilités de développement sociétal et économique de la Martinique.
Petitot – Letchimy, même combat contre les intérêts des Martiniquais.
Michel Taube




















