
Chlordécone – un portail en ligne pour briser l’opacité
Un pesticide interdit depuis plus de trente ans revient encore hanter les Antilles. Le gouvernement a annoncé la mise en ligne de chlordecone-info.fr, un site destiné à centraliser toutes les données disponibles sur cette molécule longtemps utilisée dans les bananeraies et dont les ravages se mesurent toujours dans les sols, les corps et les esprits.
De 1972 à 1993, la chlordécone a été répandue massivement en Guadeloupe et en Martinique pour lutter contre le charançon du bananier. Résultat : une pollution durable, classée cancérigène probable, qui continue de contaminer terres agricoles, rivières et chaînes alimentaires. Le scandale a laissé une empreinte profonde, sanitaire mais aussi sociale et politique, tant l’impression d’un silence d’État a longtemps prévalu.
Avec ce portail, les ministères de la Santé et des Outre-mer veulent tourner la page de l’opacité. Le site propose un condensé d’informations scientifiques, des actualités officielles, une foire aux questions et des ressources pédagogiques. Objectif : permettre aux habitants, aux familles, aux agriculteurs et aux professionnels de santé d’accéder à une information claire et actualisée, dans un contexte où la défiance reste vive.
L’initiative s’inscrit dans le plan Chlordécone IV (2021-2027), qui prévoit recherche, prévention, dépistage et soutien aux projets locaux de sensibilisation. Mais au-delà de la technique, le portail entend jouer un rôle de passerelle : accompagner les victimes et leurs proches, donner des outils pratiques et rétablir un minimum de confiance.
Car derrière ce clic vers un site officiel, c’est toute une exigence de transparence qui se joue. Pour des milliers d’Antillais confrontés à ce poison invisible mais persistant, l’information n’est pas une option. Elle est devenue une arme de survie et un levier de reconnaissance.
Patrice Clech

















