
Le gouvernement calédonien a présenté un avant-projet de loi qui pourrait bouleverser le paysage des nakamals, ces lieux où l’on consomme du kava. L’objectif est clair : préserver la dimension culturelle et coutumière de cette boisson traditionnelle tout en évitant les dérives sanitaires et les désordres publics signalés ces dernières années, notamment dans le Grand Nouméa.
Boisson ancrée dans les traditions mélanésiennes et polynésiennes, le kava accompagne cérémonies et moments de sociabilité. Mais son succès a aussi entraîné l’apparition de débits non encadrés, parfois associés à des consommations d’alcool, avec des effets délétères sur la santé et la tranquillité des riverains.
Le projet de réforme s’appuie sur un système de licence obligatoire, comparable à celui des débits de boissons alcoolisées. Pour obtenir le précieux sésame, l’exploitant devra remplir plusieurs conditions : casier irréprochable, connaissances suffisantes pour garantir la salubrité du produit, et accord du maire, assorti si nécessaire d’un acte coutumier. La licence, valable trois ans, sera affichée dans l’établissement et retirée en cas de manquement. Les bars à alcool en seront exclus, afin d’éviter tout mélange.
Le texte prévoit aussi des obligations précises : présence effective de l’exploitant ou d’un salarié qualifié, respect de normes d’hygiène fixées par arrêté, et sanctions en cas d’infractions. Pour éviter les excès, les pouvoirs publics pourront plafonner le nombre de nakamals dans certaines zones sensibles, proches d’écoles ou d’établissements de santé.
Si le texte est voté, il s’appliquerait trois mois après sa promulgation. Les exploitants auraient alors six mois pour déposer leur demande de licence, puis six mois supplémentaires pour se mettre aux normes.
Avec cette réforme, les autorités espèrent trouver un équilibre entre reconnaissance d’un héritage culturel et encadrement d’une consommation qui, sans règles claires, a fini par inquiéter autant qu’elle rassemble.
Patrice Clech

















