
À Moorea, le bras de fer syndical s’est achevé sur un texte creux. Après plusieurs jours de tensions, le Hilton Moorea Lagoon Resort & Spa et la centrale O oe to oe rima ont signé un protocole d’accord… sans aucun engagement concret de la direction. Sur la dizaine de revendications initiales, hausse générale des salaires, garanties de maintien de la rémunération pendant les travaux prévus en 2027, requalification de contrats à temps partiel, la réponse se résume à une formule polie : « pris note ».
Le syndicat, majoritaire dans l’hôtellerie, dénonçait un climat social détérioré, marqué selon lui par des pressions et du harcèlement. La direction s’est contentée de promettre des « mesures concrètes » de prévention, allant jusqu’à envisager l’intervention d’une société externe pour accompagner les salariés volontaires. Mais sur le reste, silence radio ou renvoi à plus tard.
L’augmentation de 3 % des salaires bruts ? Non, tranche la direction, qui renvoie au mécanisme habituel de la commission d’avancement annuelle. Ses décisions ne seront applicables qu’à compter du 1er janvier 2026. Les requalifications de contrats à temps partiel en plein temps ? Là encore, renvoi à cette commission, avec en prime une précision : certains salariés ont choisi ou se sont vu imposer ce régime pour raisons médicales, et il serait impossible d’appliquer une mesure uniforme.
Quant à la demande de maintenir les salaires à 100 % pendant les travaux lourds de 2027, la direction ferme la porte en invoquant « l’incertitude économique et sociale » qui entoure encore le projet. Même scénario pour les avantages sociaux, les primes de départ volontaire ou le déplafonnement de l’ancienneté : tout cela relève, affirme l’hôtel, de la branche professionnelle et non de l’établissement.
Au bout du compte, la grève n’aura donc rien rapporté aux salariés de Moorea. Les revendications sont restées lettre morte, étouffées sous les mentions « pris acte » et « pris note ». Un protocole d’accord sans substance qui ressemble surtout à un constat d’échec.
Et tandis que les salariés du Hilton sortent bredouilles, d’autres foyers de contestation s’allument déjà ailleurs : une réunion est programmée avec l’intersyndicale et les patrons du commerce sur la suppression du délai de carence, tandis qu’un nouveau préavis a été déposé à la flottille administrative par le syndicat Otahi. L’onde de choc sociale dans le fenua est loin d’être terminée.
Patrice Clech

















