
Jacques Martial, comédien emblématique et adjoint à la maire de Paris chargé des Outre-mer, est décédé ce mercredi 13 août à l’âge de 70 ans, des suites d’une longue maladie. Figure respectée du monde culturel et politique, il laisse derrière lui l’image d’un homme profondément attaché à la mémoire, à la justice et au rayonnement des cultures ultramarines.
Né en 1955 à Saint-Mandé de parents guadeloupéens, il grandit au gré des affectations militaires de son père, entre Afrique, Guyane et Madagascar, avant de revenir régulièrement en Guadeloupe. Formé par ses lectures d’Aimé Césaire, Sony Rupaire ou Maryse Condé, il bâtit une œuvre imprégnée de l’histoire et des luttes des peuples antillais. Sur les planches comme à l’écran, il incarne un engagement constant contre le racisme et pour la reconnaissance des artistes issus de la diversité.
Son rôle culte dans la série Navarro, où il campa pendant plus de quinze ans l’inspecteur Bain-Marie, le fit connaître du grand public. Mais son empreinte dépasse la fiction : il fut la voix française de Denzel Washington, Samuel L. Jackson ou Wesley Snipes, et porta haut le verbe césairien avec son interprétation magistrale du Cahier d’un retour au pays natal, jouée dans le monde entier.
Au-delà de l’artiste, Jacques Martial fut un homme d’institutions et de mémoire. Président de l’Établissement public du parc et de la grande halle de la Villette, puis du Mémorial ACTe de Pointe-à-Pitre de 2015 à 2020, il fit de ces lieux des espaces de dialogue et de réconciliation, où l’histoire de l’esclavage et ses héritages pouvaient enfin être pleinement racontés. Membre de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, il considérait cette mission comme une nécessité morale et politique.
Élu conseiller de Paris en 2020, puis adjoint à Anne Hidalgo en 2022, il porta la voix des centaines de milliers d’Ultramarins vivant à Paris et en région parisienne. Son action visait à mieux valoriser leur histoire, leurs talents et leur rôle dans la capitale, consolidant ainsi le lien indéfectible entre la métropole et les Outre-mer.
Jacques Martial laisse l’image d’un homme intègre, cultivé, généreux, capable de faire dialoguer le monde des arts et celui des politiques publiques. Son œuvre mémorielle et culturelle restera comme un héritage vivant pour ceux qui, à leur tour, voudront bâtir des ponts entre les rives de l’Atlantique et du Pacifique, entre Paris et les territoires ultramarins.
Michel Taube




















