Opinion Outre-Mer
04H51 - jeudi 14 août 2025

Sargasses : du fléau à l’or brun, le pari de la valorisation

 

Sargasses : du fléau à l’or brun, le pari de la valorisation

Sur les plages caribéennes, l’odeur d’œuf pourri des sargasses évoque pour beaucoup une nuisance, un déchet envahissant qui ternit le paysage et décourage les touristes. Mais certains y voient une autre image : celle d’une ressource inexploitée, au potentiel économique et écologique immense. Comme le pétrole brut, autrefois considéré comme un polluant visqueux avant de devenir « l’or noir », ces algues pourraient bien s’imposer comme un nouvel « or brun ».

Les pistes d’utilisation ne manquent pas. En cosmétique, les sargasses renferment antioxydants, vitamines et minéraux qui, une fois traités, peuvent donner des émulsifiants haut de gamme aux propriétés hydratantes et anti-âge. Dans le bâtiment, elles peuvent servir de matière première pour des blocs ou briques à fort pouvoir isolant, fabriqués à partir d’un mélange de sargasse séchée et d’autres matières organiques, séchés naturellement au soleil. Dans la mode, elles pourraient offrir un similicuir ou des textiles non tissés, écologiques et véganes, capables de concurrencer les produits traditionnels.

La gastronomie n’est pas en reste. En Asie, des algues comme le Sargassum Horneri se dégustent déjà en snacks grillés ou frits, assaisonnés d’épices. Une alternative nutritive et originale aux amuse-bouches habituels, qui pourrait séduire les consommateurs en quête de produits sains et innovants.

Les chercheurs planchent aussi sur la transformation des sargasses en bioplastiques biodégradables, capables de remplacer certaines utilisations des plastiques dérivés du pétrole. L’industrie pharmaceutique s’intéresse à leurs propriétés pour la santé humaine. Et au-delà des produits finis, la filière pourrait devenir un levier de formation et d’emploi, avec la création de laboratoires ou d’instituts spécialisés dans la valorisation des ressources naturelles de la région.

De la cosmétique aux matériaux de construction, de l’alimentation à la recherche scientifique, la liste des débouchés potentiels dessine un horizon inattendu. Reste à passer du discours à la production, à structurer une filière et à convaincre que cette masse brune qui envahit les rivages n’est pas qu’un problème à nettoyer, mais une matière première capable de générer revenus, emplois et innovation dans la Caraïbe.

 

Patrice Clech

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