
La Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), en voulant convoquer un Congrès de la rupture fin septembre, donne aujourd’hui le triste spectacle d’une institution en perte totale de repères. Après des mois d’agitation sociale attisée par le RPPRAC — mouvement raciste et indépendantiste mené par un agitateur au lourd passé pénal —, voilà que l’exécutif local, sous la houlette de Serge Letchimy, tente de reprendre la main… en déplaçant le débat.
L’argument est connu : « Ce n’est pas notre gestion qui pose problème, c’est le statut institutionnel. C’est l’emprise de l’Etat et de Paris. » Une diversion politique classique, mais dangereuse. La CTM et le RPPRAC se rejoignent sur ce point : l’un utilise la question statutaire pour maquiller son échec, l’autre en fait une croisade idéologique raciste et communautaire, ne se battant que pour les Afro-descendants.
Lorsqu’un entend le président de la CTM parler de « rupture », le RPPRAC, véritable machine à manipuler l’opinion, se frotte les mains et peut se dire qu’la imposé son récit : celui d’un peuple opprimé, trahi par l’État, et qui n’aurait pour salut qu’une rupture. En surfant sur le désarroi des ménages, en exploitant la colère de quelques extrémistes violents, ce mouvement occupe l’espace médiatique, masquant le cœur des problèmes le narco trafic, l’éducation, l’emploi, l’investissement.
Martinique : quand la CTM détourne le regard des vrais problèmes
La CTM a une lourde responsabilité politique : non seulement elle appauvrit la population en ne payant pas ses fournisseurs, en faisant de la cavalerie financière avec les fonds européens et en frôlant la cessation de paiement. Mais pire elle s’engouffre dans ce tourbillon autonomiste et institutionnel, au lieu de la combattre. En fixant un congrès des élus sur « plus d’autonomie » et en répétant que la Constitution doit être révisée, Serge Letchimy offre, une nouvelle fois, une victoire idéologique à ceux qui veulent fracturer la Martinique et l’éloigner de la République.
Plus inquiétant encore : alors même que les Martiniquais sont dans leur immense majorité républicains et attachés à la France, Manuel Valls alimente ce tourbillon autonomiste lorsqu’il dénonce de pseudo relents de l’esclavage dans sa perception du marché de la grande distribution (sa loi contre la vie chère en est le produit), lorsqu’il rencontre le RPPRAC et oublie de visiter des entreprises incendiées par ce dernier, ou qu’il parle, certes en Nouvelle-Calédonie, d’aller « au bout de la décolonisation ».
Valls, Letchimy, Petitot, tout ce beau monde se nourrit d’un décolonialisme gauchiste qui, sous prétexte d’émancipation, fragilise les liens entre le Outre-mer et la France. La Martinique est pourtant une jeune démocratie, née du changement de statut de département en collectivité unique il y a moins de vingt ans. Faut-il déjà repartir dans un nouveau bouleversement institutionnel ?
Les Outre-mer ont besoin de stabilité, de solutions pragmatiques, de travail et de vision, pas d’une fuite en avant vers le chaos. La Martinique plus particulièrement a besoin de sécurité, de bonne gestion, de gouvernance de compétences et de nouveaux leaders, de développement économique et de réformes concrètes. Elle doit rester pleinement dans la France et l’Union européenne pour tirer parti des investissements, des protections et des leviers financiers qu’elles offrent. L’émancipation véritable passe par l’éducation, l’emploi, l’entrepreneuriat, pas par un changement de statut qui nous affaiblirait encore plus.
L’alignement actuel entre la CTM, le RPPRAC et les discours désengageants de Manuel Valls est un danger pour la Martinique et pour la France dans son ensemble.
Espérons que la visite du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, sera l’occasion de remettre le cap sur l’essentiel : défendre l’unité républicaine, sécuriser le territoire et engager enfin des actions fortes pour améliorer le quotidien des Martiniquais.
Tous autonomistes, ils ont une utopie, une ambition cachée : l’indépendance. La « rupture » ne signifie pas autre chose.
Michel Taube




















