Opinion Outre-Mer
08H58 - mercredi 13 août 2025

Budget 2026 : les patrons ultramarins alertent sur des coupes jugées « inacceptables »

 

Budget 2026 : les patrons ultramarins alertent sur des coupes jugées « inacceptables »

La tension monte dans le monde économique ultramarin. À la veille des arbitrages définitifs du budget 2026, la Fédération des Entreprises des Outre-mer (FEDOM) et plusieurs organisations patronales régionales ont adressé, le 8 août, un courrier au ministre d’État en charge des Outre-mer, Manuel Valls, ainsi qu’à François Bayrou. Leur message est clair : le projet gouvernemental menace directement l’emploi, la compétitivité et le pouvoir d’achat dans des territoires déjà fragilisés.

Le cœur de leur inquiétude porte sur les coupes envisagées dans les dispositifs de soutien spécifiques aux entreprises ultramarines. Parmi eux, la LODEOM sociale, véritable pilier des allègements de charges, serait particulièrement visée. Selon les chiffres avancés, les économies recherchées par Bercy se situeraient entre 150 et 350 millions d’euros. Une ponction d’une telle ampleur provoquerait, d’après les signataires, une augmentation brutale du coût du travail, avec un effet domino sur les prix à la consommation et sur le marché de l’emploi.

Cette perspective est jugée d’autant plus incompréhensible qu’elle contredit les engagements pris lors du Comité interministériel des Outre-mer (CIOM) de 2023, où l’exécutif avait promis de renforcer les leviers de compétitivité et de stimuler l’activité économique dans ces régions. « On nous avait annoncé un cap, celui d’un développement soutenu par l’État. Aujourd’hui, on parle de retirer l’un des outils essentiels à notre survie », confie un représentant patronal.

À ces craintes budgétaires s’ajoute la polémique autour du projet de loi “vie chère”, dont certaines mesures sont perçues comme un coup supplémentaire porté aux petites entreprises locales. La baisse du seuil de revente à perte, sans prise en compte des frais d’approche propres aux territoires insulaires, risque, selon les organisations, de donner un avantage concurrentiel aux grandes enseignes importatrices au détriment de la production locale.

Les chiffres rappellent l’ampleur des enjeux : en 2024, le taux de chômage dépassait 14 % dans les Outre-mer, et atteignait plus de 30 % chez les jeunes. Dans ce contexte, la FEDOM exhorte le gouvernement à faire de l’emploi « la mère des batailles » en maintenant des dispositifs de soutien puissants et pérennes. « Nous ne pouvons plus accepter le piège du sous-investissement », préviennent les signataires, qui se disent prêts à dialoguer pour bâtir un plan d’action de long terme.

Pour eux, l’heure est à la mobilisation. Et si Paris ne revoit pas sa copie, le budget 2026 pourrait bien devenir, dans les Outre-mer, le symbole d’une fracture économique et sociale encore plus profonde.

 

Patrice Clech

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