
Mayotte : la barge en cale sèche, les agents du STM menacent d’une grève illimitée
Le port de Mamoudzou pourrait bientôt sonner creux. À partir du 12 août, 8h, les agents du Service des Transports Maritimes (STM) prévoient de laisser les barges à quai, sans passagers, sans préavis de retour. Une grève illimitée qui s’annonce explosive à Mayotte, où les traversées entre Petite-Terre et Grande-Terre sont le poumon quotidien de l’archipel. En cause : une suspicion de privatisation rampante du service public maritime.
À l’origine de cette fronde, Force Ouvrière. L’union départementale du syndicat, soutenue par ses relais au sein du Conseil Départemental, accuse la collectivité d’organiser, en coulisses, l’externalisation progressive du STM. FO dénonce un manque total de transparence et affirme que des démarches internes, non débattues publiquement, viseraient à transférer tout ou partie de la gestion à des opérateurs privés. Une option jugée inacceptable, tant pour les usagers que pour les agents.
Le ton est ferme. Pour FO, privatiser le STM reviendrait à sacrifier la mission de service public sur l’autel de la rentabilité, tout en mettant en péril les emplois et les acquis sociaux des personnels. Un représentant syndical martèle que toute réorganisation doit impérativement passer par les instances réglementaires du Conseil Départemental. Hors de question de laisser filer ce dossier dans le secret des bureaux.
Le bras de fer s’installe alors que les enjeux sont considérables. Le STM assure chaque jour des liaisons essentielles entre les deux îles principales du territoire. En cas de grève prolongée, l’impact sur les déplacements des travailleurs, des écoliers, mais aussi sur l’économie locale, pourrait être sévère. Pour une grande partie des Mahorais, la barge n’est pas un luxe : elle est un lien vital.
Le Conseil Départemental, de son côté, reste silencieux pour l’instant. Aucune communication officielle n’a été faite pour désamorcer le conflit. Et dans ce silence, FO campe sur ses positions, prévenant que l’heure est grave. Sans engagement clair, le service pourrait être paralysé pour une durée indéterminée.
À Mayotte, où la pression sociale monte souvent sans prévenir, cette grève annoncée fait figure de signal d’alarme. En arrière-plan, c’est la question de l’avenir du service public dans l’archipel qui se pose, au moment même où les tensions institutionnelles s’accumulent. La barge, symbole de continuité entre deux îles, pourrait bien devenir le théâtre d’une fracture politique.
Patrice Clech

















