
Un an après avoir vu leur commissariat partir en fumée, les policiers municipaux de Dumbéa ont enfin retrouvé un toit digne de ce nom. Le 1er août 2025, la ville a inauguré un nouvel hôtel de police flambant neuf, situé en plein cœur du centre urbain, au 14 rue Théodore-Monod. Un déménagement qui traînait depuis 2018, mais que les flammes de juin 2024 ont brutalement accéléré.
Lorsque les anciens locaux de Koutio ont été incendiés volontairement, les 44 agents se sont retrouvés provisoirement relogés à l’hôtel de ville, dans des conditions étroites et improvisées. Face à l’urgence, la mairie a relancé un projet immobilier laissé en suspens depuis sept ans. Le bâtiment, partagé avec une entreprise de BTP, avait été acquis pour 320 millions de francs en prévision de la croissance démographique de la commune, mais les aménagements tardaient. L’attaque a tout précipité : début des travaux en août 2024, installation des équipes dès juillet, ruban coupé au cœur de l’été.
Le nouvel édifice a coûté près de 550 millions de francs, dont 195 financés par l’État et 65 par la province Sud. Une enveloppe massive pour un bâtiment pensé stratégique : face au plus grand lycée de Nouvelle-Calédonie, à deux pas des établissements scolaires, des grands axes et des lieux de vie. Une façon de rendre visible la présence policière dans un secteur clé. Pour le haut-commissaire Jacques Billant, présent lors de l’inauguration, il s’agit d’un « message puissant », preuve que collectivités et État savent encore construire du solide malgré des finances contraintes.
Etait également présent le sénateur Georges Naturel [notre photo].
Sur place, la police municipale est organisée en six brigades, dont une cynophile et une à vélo, dotées d’infrastructures sur mesure : garage à deux roues, chenil pour Swat et Sniper, les deux malinois de service. Les autres brigades assurent la surveillance urbaine, l’administration ou les patrouilles classiques, et se relaient dans un centre de supervision bardé de caméras. Enfin, presque bardé : 24 des 40 caméras installées ont été détruites lors des émeutes de 2024. Grâce à une aide de l’État de 38 millions de francs récemment obtenue, la commune prévoit non seulement de remplacer les équipements perdus, mais aussi d’en ajouter une dizaine, dont six au nord de la commune.
Pour la municipalité, cette réinstallation n’est pas qu’un retour à la normale. Elle sonne comme un symbole : celui d’une commune qui se relève après les violences, modernise ses infrastructures, et réaffirme sa volonté d’agir sur le terrain de la sécurité. Un retour aux fondamentaux, vingt-cinq ans après la création de la première police municipale de Dumbéa. Avec un commissariat ravagé, des effectifs déplacés à la hâte, et une inauguration quasi militaire, la ville a transformé une crise en opportunité. Reste à voir si les nouveaux murs sauront résister aux prochaines secousses.
Patrice Clech

















