Opinion Outre-Mer
17H22 - mardi 5 août 2025

Polynésie : à Faa’a, le burger fait saliver… et tousser

 
Polynésie : à Faa’a, le burger fait saliver… et tousser

Polynésie : à Faa’a, le burger fait saliver… et tousser

Les chantiers avancent, les murs montent, et les débats enflamment les trottoirs de Faa’a. D’ici quelques mois, un McDonald’s s’installera au rond-point de Mr.Bricolage, suivi par un Burger King à deux pas de la gendarmerie. Deux enseignes américaines aux arches bien connues, et deux implantations que la mairie n’a jamais demandées. Ce que la commune espérait, c’était un espace dédié aux produits locaux. Ce qu’elle obtient, c’est un duel entre Big Mac et Whopper.

Dans la rue, les réactions fusent. Certains s’inquiètent de l’effet hamburger sur la santé publique, d’autres y voient une bonne nouvelle pour l’emploi. Mana, poissonnier de 36 ans, aurait préféré un parc aquatique. Foster, son collègue, imagine déjà ses enfants à pied jusqu’au McDo, mais redoute l’embouteillage garanti. Morotea, lui, ne se pose pas tant de questions : « Les gens mangent ce qu’ils veulent. On ne les force pas. »

Le premier adjoint au maire, Robert Maker, est plus amer. Il dénonce un projet imposé par le Pays, malgré l’opposition du maire et des élus municipaux. Selon lui, l’obésité explose, la Caisse de prévoyance sociale croule sous les frais, et on continue à dérouler le tapis rouge aux chaînes de fast-food. « On meurt à force de manger n’importe quoi, et on applaudit les enseignes qui vendent n’importe quoi. »

Du côté des commerçants de quartier, c’est le grand écart. À la boulangerie Grain d’Or, on parle déjà de réduire les effectifs. Chez Dora, Karl voit les bouchons arriver comme la marée. Une coiffeuse redoute de voir son parking envahi. D’autres, plus détendus, misent sur la cohabitation : « Ceux qui veulent du riz viendront chez nous, les autres iront au McDo », philosophe un restaurateur. Le patron du snack “Ça me fait plaisir” mise sur le trafic : « J’en ai vu passer des boîtes. Là au moins, c’est du solide. »

Dans cette effervescence commerciale, un autre changement se profile : la boulangerie L’Arbre à Pain baisse le rideau, remplacée par un nouvel établissement de Vini Vini, le traiteur bien connu qui devrait y décliner sa formule Fish N’Grill, déjà en place à Tipaerui. Officiellement, peu d’infos. Officieusement, on s’attend à un menu aussi consistant que les débats.

Reste une commune partagée entre espoirs d’embauche, crainte d’embouteillages et amertume politique. La mairie déplore une main forcée. Le Pays invoque la liberté d’entreprendre. Et Faa’a, coincée entre une boulangerie en sursis et deux géants du burger en chantier, regarde son avenir s’écrire sauce barbecue.

 

Patrice Clech

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