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16H05 - vendredi 1 août 2025

C’était Henri Hochner (1932 – 2025), par Nicole Hochner

 

Henri Hochner

Herman (Herschleib) dit Henri Hochner est né à Nancy le 27 février 1932 dans une famille d’origine polonaise. Son père, Isidore Israël Hochner surnommé Sroulké, originaire de Lemberg (Lviv, Lwov) et sa mère Nécha Glasberg native de Tarnow arrivent en France dans les années 1920 avec leurs deux filles Rose et Léa (Loli). La famille Hochner s’était installée à Nancy après un bref passage à Strasbourg, et c’est là que sont nés Hélène, puis Henri.

Au printemps 1940 la famille se réfugie à Limoges dans des conditions difficiles. Ils y rejoignent l’oncle Srouël (Israël) Glasberg et la tante Tzila (Cirla), qui avaient été évacués de Strasbourg. Une autre tante, la jeune sœur de Nécha, Rouh’ké (Rachel) Glasberg s’y refugie aussi mais elle est prise et déportée. La vie des juifs Limoges oscille entre la vitalité de la communauté juive, où la famille Hochner est très active comme elle l’avait été jusqu’alors à Nancy, et la terreur des menaces constantes et rafles menées par la Milice et la Gestapo (1). Un vendredi matin de la fin de l’automne 1943, la Gestapo vient chercher sa famille dans notre logement à Limoges, où  sur la porte d’entrée est inscrit  le nom de Dupuy. Henri, alors âgé de onze ans, réussit à convaincre la police allemande qu’il ne s’agit pas de la famille Hochner.
Des proches sont pris au camp de Nexon en Haute-Vienne avant d’être emportés dans les camps d’extermination. Dans ces années effroyables, les sœurs aînées d’Henri, Rose et Loli, s’engagent dans des réseaux de résistance et de solidarité juives.

A partir de 1943 Henri, est caché sous un faux nom dans le pensionnat de l’École primaire supérieure de La Souterraine, via les réseaux de l’OSE et grâce au courage, entre autres, de Pauline Gaudefroy. Henri Hochner a écrit un bref récit de son séjour dans cette école.

Les membres de la famille Hochner et Glasberg restés en Galicie sont tous emportés par la Shoah. Henri a enregistré un témoignage audio en 2014 (en hébreu).

Henri Hochner

Henri Hochner

Le Restaurant Blum en 1958 : Henri Hochner (au 1er plan)
avec Yafa Ringer et Colette Weil – © Joë Friedemann

Après-guerre, son père Israël/Sroulké, meurtri par la guerre, reste à Limoges avec sa famille. Il est actif dans le mouvement sioniste (entre autre le KKL) hélas son décès prématuré l’hiver 1946 est une basculement. Henri qui n’a alors que 14 ans est il est dès lors placé à Paris dans le pensionnat de l’école Maïmonide dirigé par Marcus Cohn. C’est là qu’il fait la connaissance de Théo et Jacqueline Dreyfus, il est aussi l’élève de monsieur Shoshani, et assiste aux cours d’Emmanuel Lévinas. A « Maïmo » il retrouve Jean-Georges Kahn (Yohanan Cohen Yashar) avec qui il avait été caché à la Souterraine.

Henri Hochner raconte que son rêve initial était d’étudier l’agronomie, mais au final il fait des études dentaires à l’Université de Strasbourg. Il fréquente le restaurant universitaire Blum.
La guerre d’Algérie le mène à Oran, où il est soldat durant trois longues années sous les drapeaux de l’armée française (comme dentiste).
Ensuite, il épouse Germaine Busch, Buchette, qui est aussi issue d’une famille de juifs polonais originaire de Galicie. Henri et Buchette sont un couple chaleureux et fondent une belle famille de cinq enfants, Isi, Simone, Michel, Nicole et Jacky.

Henri Hochner - rue de l'Ile Jars Strasbourg

Henri Hochner – rue de l’Ile Jars Strasbourg

Henri et Buchette sont d’une grande hospitalité et la maison rue de l’Île Jars est un lieu de rencontre pour de nombreux amis, étudiants et visiteurs de la communauté juive de Strasbourg. Henri Hochner est administrateur puis un temps vice-président de la Communauté Israélite de Strasbourg aux côtés de Jean Kahn. Il écrit fréquemment un dvar Torah [commentaire de la Torah] pour le journal communautaire Chabbat Chalom. Avide de connaissances, il suit les cours d’André Neher, il étudie avec le rabbin Max Warschawski, et ses amis fidèles comme Yves Kollender, Isi Rosner, André Franck, Raymond Franck, Gaby Jossot, Freddy Raphaël, et bien d’autres.

Dès la première heure Henri et Buchette s’engagent dans le combat pour la libération des juifs d’URSS et à deux reprises Henri se rend à Moscou avec son ami Charly Reich pour apporter du soutien et du matériel aux refuzniks (2). Avec Buchette, il organise et participe à de nombreuses manifestations, accueille chez lui de nombreuses personnalités qui se mobilisent pour la libération des juifs d’URSS Henri et Buchette reçoivent rue de l’Île Jars Ida Nudel, Alexander Lerner, et Avital Sharanski et bien d’autres.

Henri Hochner est particulièrement attaché à la communauté juive polonaise Adath Israël. Il représente l’Adath Israël auprès des institutions de la Communauté. Il est un pilier de l’office rue de la Nuée-Bleue où il mène les offices de Shabath et des fêtes, il s’occupe de l’administration et également du cimetière polonais de Cronenbourg. Il s’engage également dans le travail de recensement et de retranscription de tombes juives de la région, en particulier au cimetière juif de Koenigshoffen, il travaille à cette tâche avec son ami Samy Dzyalozinsky. 

Henri Hochner freddy raphaël

Henri Hochner freddy raphaël

 de g. àdr. : Yves KollenderFreddy Raphaël, et H.Hochner, déchiffrant des tombes
au cimetière israélite de Koenigshoffen

Kuznetsov - Hochner

Kuznetsov – Hochner

 
Intervention de Eduard Kuznetsov, récemment libéré d’URSS, à Strasbourg vers 1979
 de g. àdr. : H.Hochner, Monette Bohrmann, E. Kuznetsov, Yves Kollender, Charlie Reich

© Famille Hochner

Après une longue carrière comme dentiste à Schiltigheim et après avoir fait une spécialisation en parodontologie, Henri Hochner prend sa retraite et prend le chemin de la faculté à l’Université de Strasbourg au département d’Études Hébraïques et Juives. Il écrit dans un premier temps une thèse de maîtrise sur Arnold Mandel. Puis il s’engage dans une thèse de doctorat qu’il soutiendra sous la direction du Professeur Paul Banon. Le titre de sa thèse Les Métaphores de la relation Dieu-Israël dans la littérature prophétique (voir ci-dessous).

Henri Hochner est décédé le 1er mai 2025 à Jérusalem, à la suite d’une longue maladie.

Henri Hochner a été le premier président de l’ASIJA (l’Association des Amis du Site Internet sur le Judaïsme Alsacien) qui gère le Site du judaïsme d’Alsace et de Lorraine, et il est encore aujourd’hui [2024] son président honoraire.

Henri Hochner s’est installé en Israël en 2016 et depuis il est entouré des siens et de ses amis à Jérusalem.

 

Nicole Hochner, fille de Henri Hochner

Nicole Hochner

 

Articles d’Henri Hochner sur le Site du judaïsme d’Alsace et de Lorraine :

 

Notes :

  1. Christian Penot, La Meute. Histoire de la Gestapo à Limoges. La Geste, 2022.
  2. Refuznikétait le terme officieux désignant les personnes à qui le visa d’émigration était refusé par les autorités de l’Union soviétique, principalement des Juifs soviétiques.

 

 

Henri Hochner

Henri Hochner

Henri Hochner pendant sa soutenance de thèse
© Armand Parienté

Soutenance de thèse du Docteur Henri HOCHNER

Président honoraire de l’ASIJA

à Strasbourg, le 5 décembre 2008

Le Docteur Henri Hochner a soutenu sa thèse de doctorat d’Etat le 5 décembre à l’Université Marc Bloch de Strasbourg à L’UFR des Langues vivantes – Département d’Etudes Hébraïques et Juives. Le président et directeur de thèse était le Professeur David Banon. Il a obtenu la mention très honorable avec autorisation de publier sa recherche. 

Sa thèse a pour titre : Les Métaphores de la relation Dieu-Israël dans la littérature prophétique
sous-titre : Aperçus historiques et littéraires des Métaphores de la Vigne  (agriculture) et de l’Epouse (famille).

Résumé :

L’étude de la métaphore dans la littérature des prophètes de la Bible est un chapitre important dans l’histoire de l’exégèse. La métaphore biblique utilise les effets linguistiques, rhétoriques et poétiques du langage hébraïque pour rendre plus concrète et compréhensible la portée du message à transmettre. Cette compréhension est dépendante du milieu social et culturel auquel la métaphore s’adresse.
Dans ce travail nous nous sommes attachés à analyser les métaphores empruntées aux milieux agricoles et à celui de la famille, plus particulièrement la vigne et ses produits, l’amour conjugal et filial et ses développements.
La vigne fait partie du paysage d’Israël et est certainement l’image la plus employée pour désigner Israël comme peuple. L’image du couple  qui représente la relation entre Israël et son Dieu apparaît pour la première fois chez Osée (Os. 1:31)et est reprise par d’autres prophètes tels Isaïe Jérémie et Ezéchiel.
L’époque à laquelle ces messages ont été transmis a été longuement exposée ajoutant à l’analyse une dimension historique qui se situe comme l’aboutissement d’une longue histoire correspondant à la chute du premier Temple. Les sources et les documents utilisés sont le texte hébraïque de la Bible, des lectures rabbiniques et la méthode historico-critique.
Bien sûr ces deux approches ont des motivations différentes et s’opposent, mais nous avons essayé de les rapprocher.

Lire la thèse d’Henri Hochner.

 

 

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