Opinion Outre-Mer
14H50 - samedi 2 août 2025

Guadeloupe : front commun contre les sargasses, un bras armé opérationnel dès 2025

 

Guadeloupe : front commun contre les sargasses, un bras armé opérationnel dès 2025

Face à des échouements de sargasses jamais vus, la Guadeloupe s’organise. Réunis à l’Espace régional du Raizet, les représentants de l’État, de la Région, du Département, du monde économique et du syndicat intercommunal des plages (SIPS) ont dévoilé un plan de bataille sans précédent. Objectif : transformer l’actuel SIPS en syndicat mixte ouvert (SMO), véritable bras armé du territoire pour affronter la marée brune.

Ce nouveau syndicat, opérationnel dès sa structuration, aura pour mission de piloter la stratégie, de mutualiser les équipements, de coordonner les collectes et, surtout, de prévenir les échouements. Car la situation est devenue critique. Selon la vice-présidente de la Région, Sylvie Gustave dit Duflo, les quantités échouées en 2025 sont trois fois supérieures à celles de 2018, pourtant considérée comme une année noire. Capesterre de Marie-Galante à elle seule concentre 40 % des échouements, et les îles du Sud encaissent 60 % des volumes totaux.

Dans les faits, 17 communes sont désormais touchées, contre 13 auparavant, et 67 sites sont considérés comme impactés. L’État prend déjà en charge 80 % des frais de collecte, mais les 16 millions d’euros injectés à ce jour n’ont pas permis d’endiguer la progression du fléau. Pour aller plus loin, le SMO devra pouvoir déployer des moyens à la hauteur : entre 8 et 10 millions d’euros annuels pour la collecte, et potentiellement 20 millions d’euros d’équipements nécessaires.

Mais la collecte seule ne suffit plus. Le nouveau syndicat devra aussi gérer la valorisation de cette algue toxique, dont la composition (arsenic, métaux lourds, chlordécone) exclut tout usage agricole classique. L’enjeu est double : éviter les impacts sanitaires et environnementaux, et tenter de transformer le problème en ressource, à condition de cueillir les algues fraîches, en mer. Bioplastiques, biocarburants, charbon… autant de pistes envisagées si une filière de valorisation est mise en place.

Le GIP-Sargasses, structure existante, deviendra la tête pensante du dispositif, laissant l’exécution logistique au SMO. Le modèle visé est clair : une structure à la hauteur de Routes de Guadeloupe, capable d’agir rapidement et durablement sur l’ensemble du territoire.

Ports paralysés, tourisme affecté, pêche entravée, santé publique menacée… Les conséquences économiques, sociales et environnementales des sargasses ne laissent plus le choix. L’union des institutions devient une obligation stratégique. Pour Jean Dartron, représentant du Département, il est urgent de dégager les accès aux ports de la Désirade, de Terre-de-Bas ou de Vieux-Fort. Et pour la CCI-IG, il en va de la survie de pans entiers de l’économie locale.

Reste à voir si cette alliance inédite tiendra ses promesses. Car face à une marée qui revient chaque année plus dense, la Guadeloupe joue désormais contre la montre.

 

Patrice Clech

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