Opinion Outre-Mer
09H42 - jeudi 31 juillet 2025

Le président du FLNKS Christian Tein dynamite l’accord de Bougival

 

Le président du FLNKS Christian Tein dynamite l’accord de Bougival

Christian Tein n’a pas attendu d’être sur sa terre natale pour dénoncer l’accord censé définir l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. En escale politique à Bastia, le président du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), poursuivi pour violences aggravées lors des émeutes de l’année 2024, a fait savoir qu’il rejetait le texte paraphé le 12 juillet entre figures loyalistes et indépendantistes. Pour lui, cet accord est un retour en arrière masqué, un compromis « trop loin du chemin déjà parcouru » par les indépendantistes.

Si l’Élysée se félicitait d’un texte « historique », Tein en brosse une lecture bien plus critique. Ce cadre influent de l’Union calédonienne, composante majeure du FLNKS, rappelle que les fondamentaux du combat kanak n’apparaissent nulle part dans le document. Selon lui, le peuple kanak n’y retrouve ni son identité ni sa trajectoire politique, encore moins ses aspirations à la pleine souveraineté. Et il n’est pas seul à penser ainsi : dès le 21 juillet, l’Union calédonienne exprimait déjà publiquement ses réserves, estimant que ce texte ne portait pas la marque de leur lutte.

L’accord de Bougival a pourtant été signé après dix jours de discussions serrées en région parisienne, dans un huis clos diplomatique destiné à désamorcer la crise ouverte par les émeutes de 2024. Le FLNKS avait initialement qualifié sa signature de simple « projet d’accord ». À l’évidence, Christian Tein continue de marcher dans cette ligne prudente, voire contestataire.

Il faut dire que sa voix, bien qu’empêchée géographiquement, porte encore. Assigné à résidence hors de Nouvelle-Calédonie, placé sous contrôle judiciaire après une année de détention provisoire liée aux violences meurtrières de 2024 (14 morts et deux milliards d’euros de dégâts), il n’a pas renoncé à participer au débat. Il l’a prouvé à Bastia, au côté des indépendantistes corses du mouvement Nazione, et compte intervenir en visioconférence lors du congrès du FLNKS, initialement prévu le 2 août, pour trancher collectivement la position du mouvement.

À ses yeux, la mécanique de l’accord est viciée dès le départ. Le projet de créer un « État calédonien » et une « nationalité calédonienne » n’a rien d’un progrès si la souveraineté reste une illusion institutionnelle. L’idée d’une petite nation imbriquée dans une grande nation est, selon lui, incompatible avec le combat engagé de longue date pour l’émancipation réelle de Kanaky. Ce combat, il le relie explicitement à l’accord de Nouméa de 1998, qu’il qualifie de « bond en avant », en opposition directe avec ce qu’il perçoit dans l’acte signé à Bougival.

Les discussions politiques reprennent donc sous tension. L’ombre de 2024 pèse encore lourdement sur les esprits. Le pouvoir central cherche l’apaisement et une voie médiane. Les indépendantistes, eux, semblent de plus en plus divisés sur la stratégie à adopter. Mais dans cette cacophonie, la position tranchée de Christian Tein dessine une ligne rouge : pas question de valider un processus institutionnel qui, selon ses mots, garde l’État français au cœur du dispositif. Et donc à la tête du pays.

 

Patrice Clech

La trahison Letchimy, par un enfant d’Aimé Césaire

Il existe mille façons de montrer du mépris en politique. Certaines sont discrètes, d’autres éclatent comme une gifle. Serge Letchimy vient d’établir un nouveau record : annoncer, à 7 000 kilomètres de…