Opinion Outre-Mer
18H40 - lundi 21 juillet 2025

Polynésie, Rangiroa : un refuge médical face aux tempêtes

 
Polynésie, Rangiroa : un refuge médical face aux tempêtes

Polynésie, Rangiroa : un refuge médical face aux tempêtes

À Tiputa, sur l’atoll de Rangiroa, une infirmerie est en train de sortir de terre. Mais le projet va bien au-delà de la simple infrastructure de santé. Ce bâtiment, conçu pour résister à des vents de 300 km/h et à des poussées marines de quatre tonnes, est un véritable abri de survie. Capable d’accueillir jusqu’à 380 habitants en cas d’alerte cyclonique, il incarne la nouvelle stratégie de sécurisation des Tuamotu face aux aléas climatiques.

Derrière ce chantier aux allures de forteresse, un plan global : équiper les atolls les plus vulnérables d’abris résistants et multifonctionnels. Pendant longtemps, les premiers bâtiments érigés n’étaient utilisés que lors d’alertes exceptionnelles. Résultat : inutilisés, ils se sont rapidement dégradés, rongés par l’humidité et l’oubli. Cette fois, l’approche a changé. À Avatoru, l’abri est devenu un centre de secours. À Nukutavake, une école. À Kauehi, la mairie. Et à Tiputa, donc, une infirmerie durable, active au quotidien.

Cette polyvalence change tout. Elle garantit une occupation régulière, un entretien continu, et une durabilité enfin compatible avec les ambitions affichées. Car derrière la bétonnière, ce sont 23 sites répartis sur les Tuamotu qui sont concernés. Des îles souvent isolées, sans défense face aux cyclones, et jusqu’ici peu prises en compte dans les grandes politiques d’aménagement.

Le financement suit cette logique d’urgence partagée : la commune n’assume que 5 % de la facture. L’essentiel, soit plus de 317 millions de francs CFP pour chacun, est porté à parts égales par l’État et le Pays. L’ensemble du programme, inscrit dans la convention 2021-2025, a déjà englouti 6 milliards de francs. Une somme à la hauteur des enjeux, alors que le changement climatique accroît la fréquence et la violence des tempêtes dans la région.

Mais l’ambition ne s’arrête pas aux murs. Chaque abri doit pouvoir fonctionner de manière totalement autonome pendant 72 heures. Eau, électricité, structures de soutien : tout est prévu pour que, même isolé, l’édifice tienne le choc et protège ses occupants. Une gageure technique, dans des territoires où l’acheminement des matériaux reste un défi logistique permanent.

Aujourd’hui, 1 253 personnes peuvent déjà être mises en sécurité dans les abris existants. À terme, ce chiffre augmentera, à mesure que les projets sortent du sable. Et ce ne sont plus des bâtiments vides qu’on construira, mais des lieux de vie, d’éducation, de soins, et de service public. Des bastions face à la montée des eaux, mais aussi des symboles d’une présence républicaine qui ne se limite pas à Tahiti ou à Papeete.

Rangiroa devient ainsi l’un des jalons visibles d’une politique de résilience qui tarde ailleurs à se concrétiser. Ici, les murs parlent fort : ils résistent, ils soignent, et ils tiennent bon.

 

Patrice Clech

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