
Martinique : un trio ciblait les aînés pour piller leurs cartes
Ils s’en prenaient aux plus vulnérables, opéraient en toute discrétion, et transformaient les cartes bancaires volées en transferts d’argent vers l’étranger ou en achats de recharges téléphoniques. Leur réseau a sévi pendant plusieurs mois, entre janvier et avril 2025, jusqu’à son démantèlement par la police territoriale le 17 juillet dernier. Trois individus ont été interpellés et sont désormais sous main de justice.
La méthode était sournoise : pénétrer chez des personnes âgées, dérober discrètement leur carte bancaire, puis exploiter les heures qui suivent pour effectuer des opérations frauduleuses. Pas de gros retraits en liquide ni de dépenses clinquantes, mais une stratégie de dispersion bien rodée : transferts de fonds à l’international, achats de recharges multiples, le tout sans attirer l’attention immédiate. Un fonctionnement en réseau, discret mais efficace, qui a fini par éveiller les soupçons des enquêteurs.
L’affaire a mis plusieurs semaines à émerger, les victimes n’ayant pas toujours identifié immédiatement le vol, encore moins les mécanismes d’escroquerie utilisés. C’est la répétition du mode opératoire, et la nature ciblée des attaques, qui ont permis aux services de la Direction Territoriale de la Police Nationale en Martinique de remonter jusqu’aux suspects.
Le 17 juillet, les enquêteurs ont mis fin à cette série bien huilée. Les trois membres présumés du réseau ont été arrêtés, après des semaines d’investigations sur le terrain. Ils auraient ciblé exclusivement des personnes âgées, une population souvent isolée, parfois peu familière des mécanismes de sécurité bancaire, et vulnérable aux visites imprévues ou aux intrusions domestiques.
Les dégâts ne se comptent pas en centaines de milliers d’euros, mais en méfiance durable et en préjudice moral pour les victimes. L’escroquerie bancaire, ici, prend un visage particulièrement lâche : celui de prédateurs modernes qui traquent les failles humaines plus que les systèmes informatiques. Dans ces affaires, le traumatisme dépasse souvent la perte financière.
Derrière l’opération policière, un rappel brutal : la cybercriminalité se déplace désormais dans les salons, les cuisines, les chambres des retraités. Et les escrocs d’aujourd’hui savent que l’anonymat d’une carte permet d’agir vite, discrètement, et à distance. La Martinique, comme ailleurs, n’échappe pas à cette réalité. Cette fois, la riposte a été rapide. Mais pour chaque réseau démantelé, combien dorment encore dans l’ombre ?
Patrice Clech

















