Opinion Outre-Mer
09H56 - vendredi 18 juillet 2025

Aux Antilles, les bulles résistent contre vents et marées

 
Aux Antilles, les bulles résistent contre vents et marées

Aux Antilles, les bulles résistent contre vents et marées

Ni l’inflation, ni la crise post-COVID n’ont réussi à faire vaciller les bulles. Aux Antilles, le champagne conserve son trône, imperturbable, avec plus de trois millions de bouteilles importées en 2023. Cela représente près de quatre flacons par habitant en Martinique et en Guadeloupe. Loin de disparaître des tablées créoles, il s’adapte, se transforme, et s’infiltre dans les habitudes festives avec une étonnante résilience.

Ce n’est plus la grande marque qui impressionne, mais l’étiquette discrète, la maison de vigneron, la cuvée confidentielle. Le prestige reste, le prix change. Entre 24 et 35 euros la bouteille, des champagnes « alternatifs » offrent un compromis efficace entre plaisir et portefeuille. Des maisons indépendantes misent sur une communication pragmatique : accessibilité, plaisir, bon rapport qualité-prix et parient sur une clientèle plus attentive au contenu qu’à l’étiquette. Exit le bling, bienvenue au bon goût sans ostentation.

Et pour ceux que les 35 euros rebutent encore, le crémant s’impose comme la nouvelle star des rayons. Longtemps relégué au second rôle, il rafle aujourd’hui les faveurs d’un public plus large, séduit par des tarifs démarrant à moins de 9 euros. 

Le phénomène ne s’arrête pas aux rayons. Sur les cartes des bars et des restaurants, les bulles s’invitent aussi dans les cocktails. Le spritz pétillant, autrefois réservé à la métropole branchée, a trouvé son chemin jusque sous les tropiques. Le champagne s’y glisse parfois, mais les mousseux y trouvent surtout une nouvelle vie. Moins chers, tout aussi festifs, ils plaisent sans faire sauter la banque. Le clinquant se boit frais, mais s’achète désormais malin.

Si la conjoncture impose ses règles, la tradition antillaise, elle, ne recule pas. Les fêtes, les célébrations, les retrouvailles restent des moments sacrés où la bulle conserve un statut à part. Et tant pis si le contenu de la bouteille n’a pas foulé les caves d’Épernay depuis des générations. L’essentiel est sauf : trinquer. Même si c’est à 12 euros. Même si c’est du crémant. Même si ce n’est plus vraiment du champagne.

Aux Antilles, l’évolution du marché de la consommation de bulles est un miroir de l’adaptation. On veut toujours fêter, mais autrement. Le champagne est là, plus discret, plus rusé, moins élitiste. Et tant qu’il y aura quelque chose à célébrer, il y aura toujours une bulle prête à sauter.

 

Michel Taube et Patrice Clech

La trahison Letchimy, par un enfant d’Aimé Césaire

Il existe mille façons de montrer du mépris en politique. Certaines sont discrètes, d’autres éclatent comme une gifle. Serge Letchimy vient d’établir un nouveau record : annoncer, à 7 000 kilomètres de…