Opinion Outre-Mer
15H48 - mardi 15 juillet 2025

Prix des billets d’avion : l’envolée est salée pour la Martinique et la Guadeloupe

 
Prix des billets d’avion : l’envolée est salée pour la Martinique et la Guadeloupe

Voyager vers les Antilles françaises devient un luxe. En un an, le prix des billets d’avion pour la Guadeloupe a bondi de 24 %, et de 15 % pour la Martinique. À l’heure où les Français scrutent les moindres centimes pour organiser leurs vacances, ces hausses frappent de plein fouet les ultramarins, souvent contraints d’acheter leurs billets pour raisons familiales ou administratives.

Le baromètre MisterFly/Digitrips, publié par le site L’Écho touristique en juin, est sans appel: la Guadeloupe décroche le record national de la flambée tarifaire avec un prix moyen de 981 euros le billet. La Martinique suit de près. Seule La Réunion fait pire, avec 998 euros en moyenne, mais l’augmentation y est moins brutale.

L’inflation touche tout le ciel français : +6 % pour les longs courriers, +5,7 % pour les vols intérieurs, +3,7 % pour les moyens courriers. Pourtant, l’augmentation moyenne nationale reste limitée à 3,3 %. Ce sont donc les Outre-mer qui paient le plus lourd tribut, loin devant des destinations touristiques européennes ou méditerranéennes.

Dans ce paysage déséquilibré, quelques pays tirent leur épingle du jeu. Le Japon, le Sénégal, le Vietnam ou encore la Grèce affichent une baisse de leurs tarifs aériens. Le Sénégal, en particulier, se distingue avec la chute la plus nette. À l’inverse, le Royaume-Uni, la Tunisie ou l’Albanie enregistrent des hausses notables, mais sans commune mesure avec celles des DOM.

Le contexte géopolitique est pointé du doigt : conflits au Proche-Orient, tensions sur les matières premières, instabilité du trafic aérien. Autant de facteurs qui pèsent sur les lignes long-courriers et dégradent les marges des compagnies, qui les répercutent sur les passagers. Mais pour les usagers des Antilles, l’explication ne suffit pas à justifier ce qu’ils perçoivent comme une injustice tarifaire chronique.

Dans le classement des destinations étrangères les plus prisées depuis l’Hexagone, la Guadeloupe, la Réunion et la Martinique figurent à peine dans le top 20 : 15e, 16e et 17e. En tête du podium : le Maroc, l’Espagne et la Tunisie, des destinations ensoleillées mais bien plus accessibles. Même les États-Unis, pourtant réputés chers, restent en meilleure position malgré une perte de deux rangs.

À chaque nouveau baromètre, la même rengaine : l’éloignement géographique n’explique pas tout. La faiblesse de l’offre, la concentration des compagnies, l’absence de régulation adaptée et la saisonnalité exacerbée alimentent une mécanique inflationniste bien huilée. Et tant pis pour les résidents ultramarins, coincés entre nécessité et résignation. Tous, touristes ou Ultra-marins en visite familiale, voudraient profiter aussi d’hôtels accueillants qui ne demandent rien à l’Etat sinon de pouvoir financer la montée en gamme de leur offre hôtelière grâce à des prêts de long terme.

Pendant que certains profitent de promotions vers Athènes ou Hanoï, d’autres doivent aligner près de 1 000 euros pour aller voir leur famille. L’exotisme n’a pas le même prix selon qu’on voyage pour le plaisir ou pour exister.

 

Patrice Clech

La trahison Letchimy, par un enfant d’Aimé Césaire

Il existe mille façons de montrer du mépris en politique. Certaines sont discrètes, d’autres éclatent comme une gifle. Serge Letchimy vient d’établir un nouveau record : annoncer, à 7 000 kilomètres de…