
Au parc Vairai, à quelques pas de la plage publique, les profondeurs révèlent une pollution aussi discrète qu’effrayante. Ce jeudi matin, les bénévoles de l’association Mama Natura ont sorti de l’eau 448 batteries usagées et plus de 500 kilos de détritus. Une opération de nettoyage express, menée avec l’aide de riverains et d’un club de plongée, qui met en lumière un désastre écologique enfoui depuis des années.
Immergées entre le littoral et le motu, les batteries dormaient là, à quelques mètres de zones de baignade fréquentées par des enfants. Pour Adeline Yvon, présidente de l’association, l’heure n’est plus aux constats. « Cela fait un an qu’on tire la sonnette d’alarme. Mais rien ne bouge. Il faut le faire, il faut agir », déplore-t-elle, rappelant la dangerosité des composants comme l’acide ou le lithium. Une menace directe pour les pêcheurs, les baigneurs et pour la vie marine elle-même.
Sur terre comme sous l’eau, les déchets s’accumulent. Des canettes, des bouteilles plastiques, un caddie, une bétonnière immergée et même une moto jonchent les abords du parc. Certaines pièces rouillent dans le lagon depuis plus d’une décennie, à proximité immédiate d’un squat où vivent plusieurs familles. Malgré les signalements répétés, la pollution persiste.
Le terrain appartient au Pays, mais c’est la mairie de Punaauia qui assure l’évacuation. Mahai Lay, en charge du tri sélectif, tire la sonnette d’alarme. « Tout est rouillé, tout finit dans la mer. Il faut que le Pays fournisse des bacs adaptés pour le dépôt de déchets », plaide-t-il. L’urgence est manifeste : sans solution pérenne de collecte, l’incivisme continue de pourrir les sols… et les eaux.
Entre saturation des points d’apport, manque de contrôle et absence de sanctions, le système montre ses limites. Mais les bénévoles, eux, ne faiblissent pas. Leur mobilisation rappelle qu’en matière d’écologie, l’inaction pèse aussi lourd que les déchets.
Patrice Clech

















