
Le débat parlementaire sur la fin de vie a repris ce lundi à l’Assemblée nationale, relançant une controverse sociétale majeure : faut-il légaliser l’aide active à mourir en France, tout en développant les soins palliatifs ? Deux textes distincts – l’un pour renforcer l’accompagnement médical en fin de vie, l’autre pour instaurer un droit à l’aide à mourir – sont désormais examinés simultanément, comme voulu par François Bayrou. Si les soins palliatifs font consensus, l’aide à mourir continue de diviser profondément la classe politique et la société civile.
À droite et à l’extrême droite, les critiques s’intensifient. Des figures comme Bruno Retailleau ou Jordan Bardella redoutent que, faute d’accès généralisé aux soins palliatifs, les malades en détresse optent pour l’euthanasie par contrainte plus que par choix. Selon eux, la France risque de créer une « solution par défaut » faute de moyens pour accompagner dignement la fin de vie. Cette crainte est partagée par l’association Alliance Vita, qui a lancé des manifestations et une campagne d’interpellation des élus pour défendre le droit à être soigné plutôt qu’à mourir.
Aujourd’hui, environ 180 000 malades en France meurent chaque année sans avoir bénéficié de soins palliatifs. Une vingtaine de départements ne disposent d’aucune unité spécialisée. Le gouvernement a lancé un plan décennal doté d’un milliard d’euros, prévoyant notamment la création de maisons d’accompagnement, des équipes mobiles renforcées et un droit opposable aux soins palliatifs, voté en commission. Mais sa mise en œuvre est lente : seuls 9 des 22 départements initialement non couverts auront une unité dédiée d’ici fin 2025.
Un encadrement très strict de l’aide à mourir
Le projet de loi prévoit une aide à mourir encadrée par cinq critères cumulatifs : majorité, résidence en France, maladie incurable en phase avancée ou terminale, souffrances réfractaires, et capacité à formuler un consentement libre et éclairé. Le patient devra renouveler sa demande et l’acte létal devra être, sauf exception, administré par le patient lui-même. Une clause de conscience permettra aux médecins de refuser d’y participer.
Malgré des garanties, plus de 2 600 amendements ont été déposés sur la proposition relative à l’aide à mourir. Le vote solennel est prévu le 27 mai. Olivier Falorni, rapporteur du texte, a prévenu : sans aboutissement sur les deux textes – soins palliatifs et aide à mourir – aucun des deux ne sera adopté. Entre humanité, liberté et vigilance, le débat s’annonce intense jusqu’au dernier jour. Pour l’heure, la société française semble divisée, mais déterminée à ne plus éluder cette question cruciale.

















