
La maladie avait disparu localement depuis 2019, mais elle refait surface. Après un premier cas signalé mi-juillet, un second vient d’être confirmé à La Réunion. L’Agence régionale de santé a déclaré le 8 août l’infection d’une femme de 45 ans, non vaccinée, ayant séjourné en Thaïlande. Aucun lien n’a été établi avec le cas précédent, laissant planer la possibilité de plusieurs chaînes de transmission distinctes.
Pour les autorités sanitaires, ce nouvel épisode rappelle que la rougeole reste un virus redoutable par sa contagiosité : dans une population non immunisée, une seule personne infectée peut en contaminer jusqu’à vingt autres. La maladie débute par de la fièvre, de la toux, des écoulements nasaux, une conjonctivite, avant l’apparition d’une éruption cutanée. Et au-delà de ces signes typiques, elle peut entraîner des complications sévères, de la laryngite à la pneumonie, chez l’enfant comme chez l’adulte, avec un risque particulier pour les femmes enceintes et les personnes immunodéprimées.
Le problème est connu : en 2024, la couverture vaccinale à deux doses du vaccin ROR (Rougeole–Oreillons–Rubéole) plafonnait à 80 % chez les nourrissons, loin de l’objectif de 95 % jugé nécessaire pour stopper la circulation du virus. Santé Publique France insiste sur l’importance de la vaccination pour tous les âges, y compris les professionnels de santé et ceux travaillant au contact d’enfants. Pour les personnes nées après 1980, deux doses sont recommandées ; une seule suffit pour celles nées avant. En cas de doute, un rattrapage vaccinal est conseillé.
Les Réunionnais sont invités à vérifier leur statut vaccinal et, en cas de symptômes, à éviter de se rendre directement aux urgences. L’appel est clair : privilégier un contact téléphonique avec son médecin, porter un masque, limiter les interactions et respecter les gestes barrières afin d’empêcher toute propagation.
Ce bulletin sanitaire ne se limite pas à la rougeole. L’île reste aux prises avec une épidémie de grippe, dominée par la souche A(H3N2), tandis que la dengue ne circule plus localement depuis plusieurs mois et que le chikungunya reste cantonné à quelques communes. Bronchiolite et gastro-entérite demeurent à des niveaux saisonniers habituels.
Si la rougeole n’en est qu’à deux cas confirmés, la crainte est qu’un relâchement ouvre la porte à une reprise épidémique. Dans un territoire où certains virus continuent de circuler discrètement, la prévention et la vaccination restent les meilleures armes pour éviter que l’alerte ponctuelle ne se transforme en crise sanitaire.
Patrice Clech

















