Opinion Outre-Mer
18H00 - mercredi 23 juillet 2025

Tahiti : les bus passent à l’heure numérique

 

Tahiti : les bus passent à l’heure numérique

Un petit écran au coin de l’arrêt, une promesse d’informations en temps réel, et une touche de modernité qui débarque enfin sur les trottoirs de Tahiti. Ce mardi 22 juillet, six bornes d’information voyageurs ont été inaugurées à Papeete, Pira’e, Arue et Faaa. Un équipement qui, pour la première fois au fenua, connecte les usagers aux horaires de bus, aux retards éventuels et au temps d’attente… en direct. Une mini-révolution dans un réseau souvent jugé opaque et peu fiable.

À terme, une septième borne verra le jour à Outumaoro, à Punaauia. Et le ministre des grands travaux et des transports terrestres, Jordy Chan, l’assure : ce n’est qu’un début. L’objectif est clair, ambitieux et assumé : moderniser profondément le réseau de transport en commun, et surtout restaurer la confiance des passagers. Car sur l’île, la voiture est encore reine, et le bus, souvent synonyme d’attente interminable. « L’idée, c’est de rendre le réseau plus performant. Aujourd’hui, il n’y avait rien au fenua. C’est vraiment une première », s’est félicité le ministre.

Reliées au système de gestion des bus et à l’application mobile récemment déployée, ces bornes sont un maillon de la réforme globale engagée ces derniers mois : nouvelle tarification, géolocalisation, anticipation des temps d’attente. Jordy Chan y voit un levier pour rendre les transports publics plus compétitifs face à la voiture individuelle, dont l’usage reste dominant.

Du côté des usagers, les réactions sont partagées mais globalement positives. Gérard, un habitué qui navigue entre voiture et bus, y voit un progrès bienvenu : « C’est bien, ça s’améliore avec le tarif et tout. Le stationnement, c’est un casse-tête, alors ça peut aider. » Henriette, elle, applaudit surtout la simplicité du dispositif : « Il y a les horaires du bus, c’est clair. Pour les personnes âgées, qui ne sont pas trop numériques, c’est utile. »

Mais la modernisation technologique ne fait pas tout. Poeiti, passagère régulière, reste sceptique : « Les bus ont souvent 30 minutes ou une heure de retard. Le fait de savoir qu’ils sont en retard, ça ne les fera pas arriver plus vite. » Une remarque qui illustre la défiance persistante envers la fiabilité du service, et rappelle que les écrans ne remplaceront pas les fréquences.

Reste l’essentiel : créer un lien de confiance avec les usagers, convaincre que le réseau change, qu’il devient crédible, pratique, et accessible à tous. En s’attaquant à l’expérience quotidienne du transport public, le gouvernement espère inverser la tendance. Sur une île où la voiture individuelle est presque une nécessité culturelle, ces petites bornes pourraient bien ouvrir la voie à un changement d’habitudes. Encore faudra-t-il que les bus, eux aussi, tiennent leurs promesses.

 

Patrice Clech

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