
Fort-de-France : des enfants livrés à eux-mêmes, une enquête déclenchée
C’est un événement passé presque inaperçu et qui souligne le degré de désocialisation qui gangrène les Antilles au niveau des cellules familiales…
Quand les policiers sont arrivés sur place, les trois enfants étaient seuls. Un bébé de 5 mois, un petit de 3 ans, un autre de 5 ans. Aucun adulte. Aucun encadrement. Juste un signalement anonyme et une porte qui s’ouvre sur l’inacceptable. L’intervention, menée jeudi 11 juillet à Fort-de-France par les agents de la Direction Territoriale de la Police Nationale, a marqué les esprits jusqu’au commissariat. Dans un silence trop familier aux services sociaux, les mineurs ont été extraits du domicile et pris en charge d’urgence.
L’image a circulé en interne : une policière, nourrissant et apaisant le bébé de 5 mois dans les locaux du commissariat, le tenant dans ses bras avec une douceur que la situation ne méritait plus. Ce geste n’efface rien, mais rappelle, au cœur de l’urgence, l’humanité nécessaire dans des missions où l’absurde croise trop souvent l’inhumain.
Rapidement, une procédure judiciaire a été ouverte pour délaissement de mineur. Les enquêteurs cherchent désormais à comprendre comment trois enfants si jeunes ont pu se retrouver seuls, sans surveillance, et pourquoi personne ne semblait s’en inquiéter. L’enquête doit éclaircir les responsabilités parentales dans cette négligence dramatique. Car si l’alerte a été donnée à temps, la réalité d’un tel abandon dépasse le cadre du simple manquement.
Le nourrisson a été confié temporairement à son père, tandis que les deux aînés ont fait l’objet d’une mesure de protection provisoire sous l’égide de l’Aide Sociale à l’Enfance. Une décision logique, tant les circonstances appellent à la prudence. Les enfants sont physiquement indemnes, mais les conséquences psychologiques d’un tel isolement restent à mesurer.
Cette affaire n’est pas un cas isolé. Elle met une nouvelle fois en lumière la vulnérabilité de certains foyers, et le rôle déterminant de la vigilance collective. Dans ce type de drame latent, c’est souvent un voisin, un proche, un signalement, qui permet d’éviter le pire. Encore faut-il que l’alerte soit donnée à temps, et que les services puissent intervenir avec les moyens nécessaires.
Les autorités rappellent l’existence de numéros dédiés : le 17 pour les urgences immédiates, le 119 pour signaler de façon anonyme et confidentielle toute situation préoccupante. Ces lignes ne sont pas des formalités administratives. Elles sont parfois la seule barrière entre l’enfance et le danger.
À Fort-de-France, ce jeudi-là, trois enfants ont été sauvés d’une situation d’abandon. Mais la question reste entière : combien d’autres vivent dans l’ombre d’un silence dangereux pour eux ?
Patrice Clech

















