
Économie : les Antilles dans le creux de la vague selon l’IEDOM
Malgré quelques chiffres rassurants, le dernier bulletin de l’IEDOM (l’Institut d’émission des départements d’outre-mer) jette une ombre persistante sur la conjoncture économique aux Antilles. Une stabilité en trompe-l’œil, sans réelle dynamique, où chaque indicateur semble confirmer un même constat : le souffle de la reprise se fait attendre.
À en croire l’indicateur du climat des affaires, les chefs d’entreprise des Antilles ne sombrent pas dans le pessimisme, mais n’osent pas non plus croire à une embellie. En Guadeloupe, l’indice se maintient autour de sa moyenne de long terme. Un signal tiède, sans vigueur. Le secteur du BTP, pourtant vital pour l’économie locale, continue d’inquiéter. En Martinique, le repli est net, amplifié par les secousses sociales de fin 2024. Les manifestations contre la vie chère ont laissé des traces, bien au-delà de la rue.
Le marché du travail, lui, reste englué dans la torpeur. La stagnation domine, tirée vers le bas par la construction en panne et un tourisme qui marque le pas. Les hôtels accueillent, mais sans enthousiasme. Le crédit bancaire n’échappe pas à cette lenteur : peu de demandes, même si les taux, eux, se font un peu plus cléments. Mais rien qui incite franchement à investir.
Seul rayon pâle dans ce ciel gris : l’inflation, qui poursuit sa décrue. Encore faudrait-il que cela se traduise dans le quotidien des ménages. Aux Antilles-Guyane, les dépenses alimentaires et énergétiques, toujours très lourdes dans le panier de consommation, grèvent toute avancée significative du pouvoir d’achat. La mécanique des prix s’apaise, mais le soulagement, lui, reste modeste.
Après les crises climatiques dans l’océan Indien, les secousses politiques dans le Pacifique et les tensions sociales dans l’Atlantique, les Outre-mer tentent de se relever. Aux Antilles, ce redressement se heurte à une inertie économique persistante. Le dernier bulletin de l’IEDOM ne fait que confirmer une évidence : sans stratégie ambitieuse, la croissance restera un mirage.
Patrice Clech

















