Opinion Outre-Mer
15H39 - mardi 8 juillet 2025

Martinique : contestations au Barreau de Fort-de-France

 

Martinique : contestations au Barreau de Fort-de-France

Le calme apparent du palais de justice de Fort-de-France a volé en éclats. Une simple décision d’aménagement, annoncée sans concertation, a ravivé de profondes tensions entre le Barreau et les autorités judiciaires. Ce qui est présenté comme une modification «technique» – surélever l’estrade du Ministère public dans la salle pénale de la Cour d’appel – est perçu comme une provocation. Car en Martinique, l’égalité de hauteur entre le Parquet et la Défense n’est pas un détail d’architecture. C’est un symbole.

Depuis le XIXe siècle, cette configuration illustre un principe intangible : ni supériorité, ni soumission. Ni l’accusation, ni la défense ne doit dominer l’autre, fût-ce par l’élévation d’un pupitre. Ce principe est devenu une tradition locale, un héritage de luttes anciennes pour l’impartialité et les droits fondamentaux. Y toucher, c’est gratter la peinture d’un mur porteur de la justice martiniquaise.

La décision, prise sans échange avec les avocats, a été ressentie comme un passage en force. Un affront. En réaction, une assemblée générale extraordinaire du Barreau s’est tenue dans l’urgence. Très vite, le mot d’ordre est tombé : mobilisation. Car ce projet, en apparence anodin, cristallise des inquiétudes plus vastes sur l’équilibre des rôles au sein de l’institution judiciaire. Et le Barreau, composé en grande partie de jeunes avocats, entend bien faire entendre sa voix.

Derrière la colère, il y a la mémoire. Celle d’illustres figures martiniquaises du barreau, comme Fernand Véry, Marcel Manville ou Georges Gratiant, pour qui la défense n’était pas un métier, mais une mission. Pour ces pionniers, chaque centimètre d’estrade valait un combat. Ils ont fait de la salle d’audience un théâtre d’égalité, où l’histoire coloniale, l’abolition de l’esclavage et l’instauration du droit se mêlaient dans un même élan.

Aujourd’hui, leurs héritiers voient dans ce projet une régression, une tentative, volontaire ou non, de réécrire à la hâte ce que d’autres ont mis un siècle à bâtir : une égalité de posture pour garantir une égalité de traitement. 

Un symbolique judiciaire ? Ou une posture idéologique du Barreau qui pose problème face à un aménagement esthétique et logistique anodin.

 

Patrice Clech

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