En cette Journée internationale des droits des Femmes, je voudrais être…
N’y cherchez pas d’ordre ! et encore moins d’exhaustivité. Voyez-y des incarnations piochées au fur et à mesure de l’actualité, de mes rencontres, de mes hommages, reconnaissances et autres admirations futiles. Ou pas !
Karine Le Marchand, pour faire croire que tout est simple. Que les champs de patates sentent la rosée du matin et que l’amour est un slow sous les étoiles. Pour poser des questions intimes avec un sourire désarmant et obtenir des confidences que personne n’a jamais osé lâcher. Pour montrer que le monde peut être doux, même quand il est rugueux.
Lady Di, pour être la princesse du peuple, celle qui a fait trembler la monarchie d’un simple regard triste. Pour avoir brisé les codes avec une sincérité désarmante, pour avoir prouvé qu’une couronne ne protège ni du malheur, ni du jugement. Pour avoir tendu la main aux malades du sida quand d’autres détournaient les yeux. Pour avoir couru dans un champ de mines, en pantalon beige et sourire tendre, comme une femme qui répare un monde abîmé.
Olena Zelenska, pour être l’ombre qui éclaire. Pour incarner la force tranquille face au chaos. Pour prendre la parole quand tout vacille et porter, avec une grâce infinie, la douleur et le courage d’un pays en guerre. Pour être une femme d’État sans l’avoir choisi, pour sourire sans se briser, pour résister sans hurler.
Sharon Stone, pour faire exploser l’écran d’un simple croisement de jambes. Pour être trop belle, trop intelligente, trop libre. Pour prouver qu’on peut être un sex-symbol et une femme puissante. Pour ne jamais s’excuser d’exister, d’avoir un avis, d’avoir 66 ans et toujours cette aura qui écrase les minets formatés de Hollywood.
Melania Trump, pour voir le monde depuis une tour dorée. Pour savoir ce que ça fait de poser devant un sapin de Noël comme si on sortait d’un défilé de mode ou du concours de Miss Univers. Pour répondre à un ouragan par une veste « I really don’t care, do you? » et observer l’incendie médiatique depuis un fauteuil en velours. Pour être l’énigme, celle qui ne parle pas, celle dont on ne sait jamais si elle joue ou si elle subit.
Julia Roberts, pour fouler le tapis rouge pieds nus, symbole d’une liberté assumée, et brandir ma voix pour toutes celles qu’on réduit au silence. Pour dénoncer les inégalités, les écarts de salaire, les injonctions absurdes, parce qu’aucune femme ne devrait se battre pour exister. Pour être le sourire de la victoire, et quel sourire Cyrielle ! La rage de celles qui refusent qu’on leur dise comment être. Parce qu’être femme, c’est déjà un rôle de premier plan !
Angelina Jolie, pour faire le grand écart entre Hollywood et les camps de réfugiés. Pour être une déesse en robe fendue un soir d’Oscars et une humanitaire le lendemain sur un sol ravagé par la guerre. Pour prouver qu’on peut être sublime et engagée, qu’on peut donner de soi sans jamais s’effacer. Pour montrer qu’une femme n’a pas à choisir entre glamour et compassion.
Margaret Atwood, pour écrire et réveiller. Pour mettre en garde contre le retour insidieux du patriarcat et l’érosion des droits des femmes. Ne pas écrire de dystopie lointaine, mais un avertissement terrifiant sur le monde réel, où chaque liberté peut être balayée d’un coup de décret. Exhorter à la vigilance, à la résistance et rappeler une vérité brutale : ce que l’histoire nous a donné, elle peut aussi nous l’arracher.
Meryl Streep, pour incarner toutes les femmes, toutes les vies, toutes les luttes. Pour être cette voix qui claque, ce regard qui transperce, ce talent qui terrasse. Pour vieillir sans jamais disparaître, pour occuper l’espace avec une évidence qui rend ridicule ceux qui voudraient la cantonner à un âge, à un genre, à un rôle.
Carla Bruni, pour être une chanson, une silhouette, une attitude. Pour manier les mots comme une caresse, pour traverser la politique en restant insaisissable. Pour avoir été mannequin, muse, première dame, et continuer d’être une artiste libre. Pour écrire sa propre bande-son, sans jamais être une simple mélodie dans l’histoire d’un homme.
Amma, pour être cette figure de compassion infinie, cette femme qui embrasse l’humanité entière, littéralement. Parce qu’en un seul geste, elle réconforte des âmes brisées, apaise des cœurs en détresse et redonne foi en la bonté humaine. Parce que dans un monde en quête de sens, elle incarne la puissance d’un amour sans condition, d’une sagesse qui dépasse les frontières et les religions.
Jane Austen, pour être une redoutable critique de mon époque sous mes airs de romancière élégante. Démonter avec une ironie tranchante les absurdités du mariage arrangé et l’absence de choix laissée aux femmes. Exposer les injustices avec une subtilité redoutable. Mener une révolution feutrée derrière mes héroïnes brillantes et indépendantes : celle du droit des femmes à exister en dehors des convenances.
Joséphine Baker, pour danser la liberté. Pour hypnotiser Paris avec un simple pagne de bananes et devenir, dans l’ombre, une résistante intrépide. Pour prouver qu’on peut être artiste, militante et espionne, tout à la fois. Pour aimer les enfants de tous pays et adopter tous les orphelins de la terre. Pour avoir un courage plus grand que le monde et un rire plus éclatant que la haine.
Rosa Parks, pour refuser de bouger. Pour faire trembler un pays entier en restant assise. Pour montrer que parfois, la révolte tient en une immobilité, en un regard droit, en un « non » qui résonne à travers l’Histoire.
Simone Veil, pour imposer le respect par la force du verbe. Pour traverser l’enfer et en revenir plus grande encore. Pour donner aux femmes le droit de choisir, de disposer de leur corps, de ne plus être prisonnières d’un destin imposé. Pour transformer la douleur en combat et ne jamais plier sous les insultes.
George Sand, pour dynamiter les carcans du XIXe siècle. Refuser d’être réduite au rôle imposé aux femmes, oser écrire sous un pseudonyme masculin, porter le pantalon et revendiquer une vie indépendante. Dénoncer la domination patriarcale et célébrer le droit des femmes à aimer et à penser librement. Je voudrais être une claque aux conservateurs de mon temps, un cri d’émancipation qui résonne encore aujourd’hui.
Lady Gaga, pour être une voix, un cri, une excentricité. Pour dire haut ce que tant taisent, pour briser les normes, les tabous, les carcans. Pour prouver que la pop peut être un manifeste, que le spectacle peut être un combat… sans grabuge (Mayhenn son dernier album), que la différence n’est pas une faiblesse mais une force absolue. Et laisser une empreinte indélébile à tous les cœurs déchirés avec I’ll never love again (RIP Jack).
Claudie Haigneré, pour voir la Terre d’en haut, depuis l’espace, là où les frontières n’existent plus. Pour être celle qui a prouvé que les rêves d’enfant peuvent se concrétiser en apesanteur. Pour montrer qu’une femme peut être astronaute, scientifique, ministre, et toujours lever les yeux vers l’infini.
Elsa Wolinski, pour écrire, encore et toujours, après l’horreur. Pour parler de l’absence, de l’amour, du manque, avec une élégance crue. Pour porter un nom qui résonne d’encre et de feu, et en faire une force, un combat, un héritage vivant.
Céline Dion, pour chanter All by myself ou L’Hymne à l’amour de Piaf et faire frissonner la planète entière. Pour être la voix de l’émotion brute, celle qui transcende les langues, les âges, les générations. Pour survivre aux drames, à la maladie, aux adieux impossibles et continuer d’être une bête de scène, un roc sous les paillettes, une légende vivante qui fait pleurer et danser à la fois.
Mais surtout, en cette Journée internationale des droits des Femmes, je voudrais être ma maman. Parce qu’elle est toutes ces femmes à la fois. Parce qu’elle a la résilience de Simone Veil, la force silencieuse de Lady Di, la créativité d’Elsa Wolinski, l’humour de Karine Le Marchand et le courage d’Olena Zelenska. Parce qu’elle ne s’arrête jamais, parce qu’elle porte tout, parce qu’elle avance sans attendre de reconnaissance. Parce qu’elle est une héroïne du quotidien, celle qui se bat sans médaille, qui aime sans condition, qui tombe et qui se relève toujours.
Et si, finalement, être une femme, c’était ça : savoir jouer tous les rôles et écrire son propre destin ?