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15H57 - mardi 18 juillet 2023

Festival d’Avignon : les pièces à voir en Avignon puis partout en France.

 

Cette année encore, le Festival d’Avignon permet de découvrir quelques belles pépites.

Pour une fois, même le « In » mérite le déplacement. Non pas les Jardins des Délices où l’auteur ne parvient en rien à sublimer l’œuvre de Jérôme Bosch, le somptueux triptyque du début de la Renaissance du grand Maitre Flamand, qui évoque le paradis, l’enfer et entre les deux le royaume de la luxure, tableau commandé par Henri III de Nassau pour son mariage, tableau peut-être initiatique pour le jeune couple… Oublions vite la pièce mais jamais ce magnifique tableau à étudier dans ses moindres détails…

Par contre Welfare, de Julie Deliquet, est une création très intéressante, bien incarnée par les acteurs. Une réussite. Elle y croque avec talent un bureau d’aide sociale à New York en 1973, d’après un documentaire de Wisseman. Hier à New York comme aujourd’hui, un peu partout, les outils du Vivre Ensemble se transforment trop souvent en monde absurde et kafkaien. En sortant de ce spectacle, on a une forte envie d’amélioration de la société, une envie d’une société du Care, du Prendre soin les uns des autres, une société non pas pour Vivre les uns à côté des autres mais les uns avec les autres.

Comme toujours c’est surtout dans le « Off » que l’on découvre les talents et les succès de demain. Sur les 1300 spectacles proposés cette année, tout n’est pas bon, et impossible de tout voir. Mais je vous propose deux talents, deux succès.

Tout d’abord, demain commence souvent hier. Il faut absolument voir Clémentine Célarié dans « Je suis la maman du bourreau ». Elle a adapté le livre de David Lelait-Helot, et mis en scène la pièce. Elle interprète, seule sur scène, le rôle de la mère d’un prêtre pédophile. Une mère qui découvre que son petit ange est un diable. Clémentine Célarié nous fait voyager dans les profondeurs de l’âme de cette mère. Nous vacillons avec elle. Elle est bouleversée, et nous le sommes avec elle. Comment n’a-t-elle pas vu à temps ? Où s’est-elle trompée dans son éducation ? Comment entendre la parole des victimes ? Comment réagir ensuite ? Comment vivre l’après ? Clémentine Célarié y est éclatante. Courrez la voir et l’applaudir !

Ensuite et surtout Michael Hirsch dans le Montespan. Salomé Villiers a superbement adapté l’œuvre de Jean Teulé sur la vie de Louis-Henri de Pardaillan, marquis de Montespan, mari de la favorite de Louis XIV, « La Montespan ». La pièce est remarquablement interprétée par trois acteurs, dont Salomé, formidable. Mais c’est surtout Michael Hirsch, dans ses 19 rôles, qui retient l’attention des spectateurs. Eblouissant… Au-delà de la pièce, ses talents d’acteur, d’humoriste éclatent au grand jour. On le connaissait par ses chroniques sur Europe 1, et par ses one man show comme « je pionce donc je suis » et « pourquoi ». Il va très vite prendre la suite de Louis de Funès et Christian Clavier. Il sait déjà tout faire, et bien. Courrez le voir dans cette pièce ou dans ses spectacles qui tournent partout en France. Vous pourrez dire, je l’avais vu avant qu’il ne devienne très connu, mais c’est déjà un grand !

Bravo à ses deux artistes, d’aujourd’hui et de demain. Bravo au Festival d’Avignon qui chaque année depuis 77 ans nous donne envie d’aimer le spectacle vivant. Et merci à Jean Vilar pour avoir créé et porté ce festival, pour avoir relancé le Théâtre Populaire. Populaire au sens d’accessible au plus grand nombre sans lésiner en rien sur la qualité. Merci Monsieur…

 

Patrick Pilcer

Conseil et expert sur les marchés financiers, président de Pilcer & Associés, Chroniqueur Opinion Internationale