Outre-Mer
06H50 - jeudi 27 avril 2023

Mayotte : seuls l’état d’urgence sur place et la menace de rupture avec les Comores permettront de reprendre en main la situation. L’édito de Michel Taube

 

Entre la double humiliation infligée par les Comores qui refusent de reprendre leurs clandestins et le tribunal judiciaire de Mamoudzou qui a osé suspendre lundi 24 l’évacuation de plusieurs bidonvilles, Mayotte risque de rester longtemps un territoire perdu de la République. 

L’échec de l’opération “Wuambushu”(“reprise” en mahorais) est malheureusement patent. Cette opération coup-de-poing et grand ménage aurait dû en quelques jours éradiquer des bidonvilles insalubres et permettre d’expulser des milliers de clandestins. L’Etat français et la population mahoraise se retrouvent piégés. Une fois de plus.

Et pourtant la détermination du préfet Thierry Suquet et du ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin n’est pas en cause : les moyens humains déployés avec plus de 1800 policiers et gendarmes et les solutions de relogement proposées aux clandestins par les services sociaux sont considérables. Il faudrait être irresponsable de ne pas soutenir, – comme l’a souligné Rachida Dati sur Europe 1 -, les représentants de l’Etat.

D’ailleurs, des collectifs de citoyens sur place et l’immense majorité des élus sur place, notamment notamment de nombreux maires, soutiennent cette opération de “reprise” en main. 

Car Mayotte est au bord de la rupture.

Nous en voulons pour preuve les mots de responsables politiques centristes, humanistes et modérés, élus du 101ème département de France, qui en viennent à employer des termes d’une violence digne des militants d’extrême-droite les plus farouches.

Sur le plateau de Mayotte La Première, Salime Mdéré, vice-président du conseil départemental de Mayotte, a déclaré vis-à-vis des délinquants clandestins présents sur l’île « qu’il faut peut-être en tuer ». Pourquoi pas ne pas rétablir la peine de mort pendant qu’ils y sont, c’est absurde évidemment. L’élu s’est rétracté évidemment mais son exaspération doit être entendue.

Le climat sur place est insurrectionnel face à des migrants illégaux déterminés à ne pas repartir d’où ils viennent : les policiers de la huitième compagnie républicaine de sécurité venue en renfort pour cette opération, pourtant une unité d’élite spécialisée contre les violences urbaines, ont dû ouvrir le feu à plusieurs reprises à l’aide de leurs pistolets automatiques « vers le sol et pour faire fuir » des assaillants munis de machettes lors de plusieurs de leurs opérations ces derniers jours. 

Imaginez des policiers faisant usage de leurs armes dans l’Hexagone face à des zadistes résolus à défier l’ordre public et la propriété privée. 

Estelle Youssoufa, députée de Mayotte et membre du groupe centriste, girondin et ultra-marin LIOT, parle même de risque de guerre civile.

Parler de guerre civile supposerait que les immigrés clandestins qui y abondent, et qui y sont certainement déjà plus nombreux que les étrangers en situation régulière et que nos concitoyens eux-mêmes, sont des Français. Non, c’est plutôt l’anarchie et son cortège de violences, d’insalubrité, de risques sanitaires d’épidémies, d’insécurité, de défi à l’état de droit et à la tranquillité publique, qui s’impose à Mayotte.

Avec la criminalité, l”insécurité, la gangrène de la drogue, les violences urbaines, l’insalubrité, c’est un quasi état d’anarchie qui règne dans le 101ème département de France.

A l’anarchie s’ajoute une question politique : Mayotte est-elle encore un département français ? La moitié de la population y est étrangère et pou beaucoup clandestine. Les Français pourront-ils rester longtemps minoritaires sur leur propre sol ? D’autant que, depuis quelques mois, ce ne sont pas que des Comoriens qui se “réfugient” à Mayotte : des Malgaches, des Rwandais, des Congolais y sont de plus en plus nombreux.

Que faire donc pour sauver Mayotte ?

Ne faudrait-il pas déclarer l’état d’urgence sur place et suspendre sine die toute aide financière aux Comores voire brandir la menace d’une rupture des relations diplomatiques tant que ce micro-Etat n’acceptera pas de reprendre ses ressortissants ? 

Cette double décision pourrait être défendue par les deux députés du département, Estelle Youssoupha donc et son collègue LR Mansour Kamardine, et ce dès la reprise des travaux parlementaires mardi 2 mai. Un vote solennel de l’Assemblée Nationale marquerait un geste d’unanimisme (on peut toujours rêver à un sursaut de civisme des Insoumis) et de fermeté républicaine (l’état d’urgence permettrait-il d’envoyer l’armée ?).

Un pays nous montre la voie : l’Italie vient de décréter l’état d’urgence face à la brusque flambée des arrivées de migrants sur ses côtes. Car a-t-on compris ce qui se joue à Mayotte ? Un condensé de ce que l’Europe connaîtra à terme entre des défis géopolitiques et une trop grande hospitalité sociale et idéologique.

 

Michel Taube 

 

[Avec cet édito, Opinion Internationale réactive la rubrique Outre-mer, poumon et coeur battant de la République française.]

Directeur de la publication