Apocalypse Now
11H00 - mardi 25 août 2020

Mohammed Moussaoui, Président de la République. Notre série “Apocalypse Now”

 

 

Apocalypse now. La série estivale chaude chaude chaude de Marginal Ray

La fin du monde ? Certains y croient. Et ils sont de plus en plus nombreux. Mais pas la rédaction d’Opinion Internationale. En revanche, que cela aille de mal en pire sur certains fronts, comme le réchauffement climatique, la montée des communautarismes ou le transhumanisme, c’est une certitude.

Alors, lâchons nous. Marginal Ray, musicien, est aussi conteur à ses heures, et nous propose un mois de montagnes russes avec, chaque lundi et jeudi, des scénarios fous mais qui, à l’américaine cette fois-ci, se finissent en Happy End (peut-être pas pour tout le monde !).

1. L’effondrement de la Bourse

2. Le moustique tigre envahit la France

3. Neymar quitte le PSG.

4. Paris sous les eaux.

5. Michael Jackson cloné.

6. Google et Intel inventent l’Homme augmenté.

7. Feux de forêt au Bois de Boulogne

8. Mohammed Moussaoui Président de la République

Fin de la série avec Israël-Iran : guerre et paix.

 

 

Mohammed Moussaoui ne voulait pas se présenter à la présidentielle de 2027. Il avait quitté la présidence du Conseil français du culte musulman, le CFCM, en 2024, après avoir reçu des menaces de mort de la part d’intégristes. Au sein de l’institution, les radicaux avaient progressivement pris le contrôle. Si Abdallah Zekri et Marwan Muhammad ne s’étaient pas eux-mêmes livrés une lutte fratricide, Mohammed Moussaoui aurait certainement été éconduit du CFCM dès 2022, au lendemain du grand discours d’Emmanuel Macron sur la laïcité. A peine réélu à l’issue d’une campagne marquée par une virulente poussée de tous les racismes, tant celui de la mouvance d’extrême droite que celui des indigénistes, le chef de l’Etat annonça qu’il renonçait à légiférer sur la laïcité, que l’heure devait être à l’apaisement, qu’il fallait prendre acte de l’importance qu’avait la religion pour de nombreux Français, et que l’obligation de neutralité imposée aux serviteurs du service public n’était plus en phase avec la réalité de notre société. La République avait cédé sous les coups de boutoir du fondamentalisme, ce dont Emmanuel Macron espérait une baisse de la tension dans les cités et la fin des attentats, comme ceux qui avaient endeuillés la France au début de l’année 2022, lorsqu’il avait manifesté ses dernières velléités de contrarier l’islam politique.

Depuis qu’il avait recouvré sa liberté, Mohammed Moussaoui prêchait l’islam des lumières chaque fois qu’il en avait l’occasion, ce qui lui valait de vivre sous protection policière. Il suggérait de s’inspirer du Grand Sanhédrin juif sous Napoléon, en ce que l’Islam de France devait décréter à son tour que la loi applicable en France est la loi laïque et non la loi religieuse.

Inversement, le parti Union des Démocrates Musulmans Français (UDMF) s’enfonçait dans le fondamentalisme. Son fondateur Nasser Azergui fut débordé par plus extrémiste que lui. Lors d’une réunion secrète, au printemps 2025, il jura aux cadres du parti qu’il pratiquait la taqiya – la dissimulation – , et que son seul désir était de voir le drapeau de l’islam flotter sur le palais de l’Elysée. Mais il fut accusé de mollesse et de compromission, et évincé du parti qu’il avait pourtant créé. C’est l’ancien porte-parole du CFCM, Abdallah Zekri, qui prit sa place, avec la bénédiction politique et religieuse de Tariq Ramadan, caché en Turquie. Désormais, le message, énoncé aux dirigeants de l’UDMF par son nouveau président, était clair : “les 10 millions de musulmans de France doivent être autant de porteurs du message du prophète. Pour conquérir le pouvoir par les urnes, il faut promettre la polygamie aux hommes, la prospérité aux pauvres, le châtiment aux ennemis de l’Islam”. 

Début 2026, la société française est dans un état de tension extrême. L’année précédente, quelques jours après les obsèques de Jean-Marie Le Pen, Marion Maréchal avait pris la succession de sa tante Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national. Il ne lui fallut que deux mois pour rebaptiser le parti en Identité Française Chrétienne (IFC). Elle demanda aux musulmans de se soumettre ou de quitter la France, et déclara que les Juifs fraudeurs devaient rendre à la France ce qu’ils lui avaient volés, et que ceux qui voulaient la quitter devraient y laisser leurs biens et leurs avoirs, “en récompense de la protection dont ils ont bénéficiée et trop souvent abusée”. Si elle était élue présidente de la République, la préférence nationale serait généralisée, et la nationalité française réservée aux Français de souche. En outre, devenir Français pour services rendus à la France (seule hypothèse où la naturalisation resterait possible) devrait s’accompagner d’une conversion au christianisme. La Constitution serait modifiée pour qu’y figure les racines chrétiennes de la France et la possibilité de déchoir des Français de leur nationalité, même s’ils n’en ont aucune autre, quitte à dénoncer la Convention européenne des droits de l’homme et tout traité prohibant l’apatridie ou “empêchant la France de défendre ses valeurs et son identité”.

Tous les sondages donnaient Marion Maréchal largement en tête du premier tour. Mais l’incertitude la plus grande planait pour la seconde place. Il y avait tant de candidats que le fondamentaliste Abdallah Zekri pouvait espérer se qualifier pour le deuxième tour. Marion Maréchal l’accusa d’avoir extorqué ses 500 signatures aux élus, sous la menace ou la contrainte, ce qu’ils démentirent tous.

Pour Mohammed Moussaoui, il était insupportable que la France ait à “choisir entre la peste et le choléra”, déclara-t-il au micro de Beur FM à l’excellent journaliste Adile Farquane. Pour écarter au moins l’un des deux fléaux et donner une chance à la république laïque, il prit la décision de se présenter sous l’étiquette Républicains Laïcs de France (RLF), un mouvement fondé ex nihilo, qui reçut aussitôt le soutien de nombreuses personnalités politiques, principalement issues de la gauche ou de LREM : François Hollande, Manuel Valls, Jean-Yves Le Drian, François Bayrou, Yannick Jadot que les Verts avaient écarté car jugé pas assez à gauche, Nicolas Hulot, Jean-Yves Le Drian, Anne Hidalgo, Nathalie Loiseau ou Mounir Mahjoubi apportèrent leur soutien à Mohammed Moussaoui. S’y ajoutèrent de nombreuses personnalités des arts et spectacles, des chefs d’entreprise, des journalistes…

Lors du débat du premier tour, Marion Maréchal fut d’une virulence extrême : “Regardez-moi ces deux salafistes que je ferai expulser dès mon élection. Ce sera ma première décision de présidente de la République française, et je dis bien “française”. Jamais la fille aînée de l’Eglise ne deviendra une théocratie islamique !”

Le dimanche 25 avril 2027, les Français votèrent…

Résultat du premier tour (arrondis au %) :

Marion Maréchal (IFC) : 34 %

Mohammed Moussaoui (IFC) : 11 %

Abdallah Zekri (UDMF) : 11 %

Julien Bayou (EELV) : 10 %

Xavier Bertrand (Divers droite) : 5 %

Adrien Quatennens (LFI) : 7 %

Damien Abad (LR) : 5 %

Olivier Faure (PS) : 4 %

Marlène Schiappa (LREM) : 3 %

Autres et blancs : 7 %

 

A 191 voix près, après plusieurs recomptages, Mohammed Moussaoui fut qualifié pour le second tour.

La première surprise, au lendemain du premier tour, fut la rencontre entre Marion Maréchal et Abdallah Zekri, qui dénonça “le complot sioniste pour réduire au silence les Musulmans”. Un pacte fut scellé entre l’extrême droite et l’islam radical : en échange d’un soutien de Zekri, Maréchal s’engage à laisser les fondamentalistes imposer la charia dans les cités.

Adriens Quatennens appela à voter Moussaoui et fut exclu de son parti dans la journée. La plupart des leaders de la droite et de la gauche républicaines se rangèrent derrière Mohammed Moussaoui. Le président du CRIF, Francis Kalifat, appela non seulement à voter pour lui, mais proposa de contribuer activement à sa campagne. Tous les représentants religieux, hors courants salafistes ou fréristes, apportèrent également leur soutien à Mohammed Moussaoui.

Dimanche 9 mai 2027, Mohammed Moussaoui fut élu président de la République avec 50,1 % des voix contre Marion Maréchal à 49,9 %.

Pareille liesse dans les rues de France à la suite d’une élection présidentielle n’avait été vue depuis l’élection de François Mitterrand en 1981. Mais avant même sa prise de fonction, les attaques islamistes se multiplièrent. 87 personnes furent assassinées, principalement par égorgement, avant que Mohammed Moussaoui entre à l’Élysée.

Au lendemain des législatives qui donnèrent de justesse une majorité absolue à Mohammed Moussaoui, et remodelèrent une nouvelle fois le paysage politique (LR, LREM, PS, PC, LRI furent réduits au rang de forces d’appoint), le nouveau chef de l’État entreprit ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’eut jamais le courage de faire : les mosquées intégristes furent fermées, les associations salafistes ou fréristes dissoutes, les imams étrangers hostiles à la République expulsés, la déchéance de nationalité des doubles nationaux étendue. Des brigades spéciales furent créées afin de reconquérir les territoires perdus de la République, parfois avec l’aide de commandos parachutistes. La neutralité politique et religieuse dans le service public, abolie par Emmanuel Macron, fut rétablie et étendue à l’entreprise privée. Une nouvelle loi sanctionnant sévèrement tout prêcheur de haine à l’encontre de la République et de ses valeurs fut adoptée. Une réforme constitutionnelle allait ajouter la laïcité à la devise républicaine.

En septembre 2027, une vague d’attentats islamistes frappa à nouveau la France, cette fois au moyen d’armes automatiques et d’explosifs.

Le 27 septembre, plus de 10 millions de personnes, dont de nombreux musulmans. manifestèrent dans toute la France pour défendre la République et apporter leur soutien à Mohammed Moussaoui, 

Dans les semaines suivantes, des manifestations spontanées, souvent géantes, se déclenchèrent dans plusieurs villes du monde arabe, en particulier à Ryad, capitale de l’Arabie Saoudite, sans intervention des forces de sécurité. Dans les cortèges, on remarquait la présence d’innombrables femmes, tête découverte. Au XVIIIème siècle, la France avait été le centre névralgique du mouvement philosophique des Lumières, qui pourfendit l’obscurantisme catholique. Au XXIème siècle, c’est encore de France qu’émergea l’islam des Lumières, un islam sécularisé que réclamait désormais l’immense majorité des musulmans de la planète.

 

Marginal Ray
Auteur compositeur conteur

Avec Michel Taube

 

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Directeur de la publication