Solutions pour la France
07H03 - vendredi 17 juillet 2020

Monsieur le Président, n’oubliez pas une fois de plus les Seniors ! La chronique de Patrick Pilcer

 

Le plan de relance annoncé par le Président Emmanuel Macron nous paraît aller dans le bon sens. Il cible le coût du travail et améliore les conditions tant pour l’employé que pour l’employeur. Si nous voulons relancer notre économie, c’est bien en réduisant les charges que l’on pourra y arriver, et en jouant à la fois sur l’offre et sur la demande. Ces mesures sont assez proches de ce que nous préconisions fin mai, dans une précédente chronique, comme lors du débat avec Jean Hervé Lorenzi organisé par Opinion Internationale. Mais le projet tel que présenté par le Président comporte un biais de taille. Le plan que prône pour le moment le chef de l’état ne bénéficierait qu’aux jeunes.

Il est primordial que la classe d’âge qui entre sur le marché de l’emploi y trouve très vite sa juste place. C’est une évidence. Si ces jeunes tardent à s’insérer dans la société par le Travail, ils traîneront cet handicap toute leur vie professionnelle, et il faut mettre le paquet pour que les portes des entreprises leur soient grandes ouvertes. Bien sûr, tout jeune impétrant dans une entreprise ne va pas être responsable d’équipe à 20 ans. Il faut qu’il commence en bas de l’échelle et qu’il la gravisse, sans prendre trop vite l’ascenseur ; cela fait partie de sa formation quasi initiatique à l’entrée dans le monde du travail. Mais pour cela il faut bien qu’il ait accès à l’échelle. Sans accès à cette échelle, pas d’ascenseur social… Le gouvernement a donc raison de tout faire pour que les jeunes ne restent pas sur le bas-côté, victimes collatérales du Covid 19.

Par contre, le Président semble une fois de plus oublier les plus âgés. Pourtant, chacun sait comme il est difficile pour une personne de plus de 50 ans de conserver son emploi ou de retrouver un emploi durable, et encore plus entre 55 et 60 ans. Il eût été de bonne politique de mettre en place les mêmes aménagements de charges pour les plus de 50 ans. Les plus de 50 ans ne doivent pas être abandonnés par le gouvernement dans cette crise, d’autant qu’un peu plus tard, après 60 ans, ils deviennent population à risque fort pour ce virus. La lecture des études sur l’employabilité des plus de 55 ans est édifiante. Le rapport de Sophie Bellon pointe les carences de la France en la matière. Quand en Europe, près de 59% des plus de 55-64 ans travaillent, ce pourcentage n’est que de 52% en France. Et sur les 60-64 ans, seuls 31% des Français travaillent contre 44,4% en Europe. Du coup, la moitié des gens qui prennent leur retraite ne sont déjà plus dans l’emploi ! Si nous ne prenons pas très vite des mesures d’ampleur, ce ne sont pas les vagues de licenciement qui se profilent pour l’automne qui amélioreront le sort des seniors.

Trop souvent, le Président Macron donne l’impression, peut-être à tort, que ses choix opposent jeunes et vieux, voire qu’il prend peu en compte les préoccupations des plus de 50 ans, pourtant le socle fort de son électorat. Sans parler des retraités et futurs retraités, que le gouvernement d’Edouard Philippe a cherché à toujours plus taxer. Il serait regrettable que le Premier Ministre Castex renouvelle les mêmes erreurs. Mais si on aide les moins de 30 ans et les plus de 50 ans, pourquoi créer des effets de seuil liés à l’âge ?

Il nous semble que ces allègements de charges auraient été plus efficaces pour les entreprises, et donc pour la société en général, s’ils avaient bénéficié à tous les salariés, sans considération d’âge. Ne les accorder qu’aux jeunes salariés transformerait une grande politique de relance en mesurette. Ce serait non seulement dommage, mais une grande erreur, qui rappellerait les emplois jeunes et aurait un impact très limité. On peut certes accompagner cette grande politique de relance de primes à l’embauche pour faciliter l’embauche des jeunes, ce serait justifié. Mais sur la baisse des charges tant salariales que patronales, sur la baisse du coût du travail, ne passons pas à côté de la cible, il faut être à la mesure de l’enjeu !

Nous sommes face à une crise d’occurrence rare, et il n’est plus temps pour des demi-mesures, il faut mettre le paquet quoiqu’il en coûte ! C’est cela le véritable coûte que coûte, Monsieur le Président !

 

Patrick Pilcer

Conseil et Expert sur les Marchés Financiers

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