Solutions pour la France
13H00 - jeudi 9 juillet 2020

Pour une France qui rajeunit ! Solutions pour la France par Raphaël Kenigsberg et Fadila Leturcq

 

 

Ils s’étaient faits remarquer le 27 mai 2020 dans le cadre de l’association Les Jeunes IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale) en publiant 32 ambitions pour le futur tirées de l’expérience de la pandémie de Covid-19, dans leur fameux rapport Devant Nous.

Après avoir propulsé deux d’entre eux dans notre gouvernement fictif, Opinion Internationale a proposé à trois d’entre eux d’imaginer à titre strictement personnel des propositions que pourrait endosser le nouveau gouvernement Castex au sein de notre nouvelle rubrique « Solutions pour la France ».

Ces deux jeunes citoyens français, sans étiquette politique, Fadila et Raphaël, souhaitent aujourd’hui aller plus loin et pour ce faire, ont donc identifié un certain nombre d’enjeux à venir pour la France de demain. Cette tribune n’engage que tous trois, à titre personnel, et en aucun cas l’association à laquelle ils appartiennent.

Tribune.

Michel Taube

 

En 2010, Nicolas Sarkozy évoquait la maxime du dentifrice en réagissant aux revendications des lycéens : « Les lycéens, c’est comme le dentifrice : quand ils sont sortis du tube, on ne peut plus les faire rentrer ». Dix ans plus tard, au sortir du confinement, Emmanuel Macron se rappelait cette métaphore, en craignant un conflit de générations. Ces deux présidents avaient raison de s’inquiéter d’un schisme générationnel. 

En deux ans, l’actualité sociale a été riche et des mouvements spontanés ont émergés sans que personne ne les ait anticipés : la marche pour le climat des lycéens, les « gilets jaunes », un confinement général mettant à l’arrêt la planète entière et plus récemment les manifestations contre le racisme et les violences policières. Partout dans ces cortèges, des jeunes étaient présents, mais sans forcément représenter toutes les jeunesses. La crise sociale qui se profile risque-t-elle de faire émerger des « gilets jeunes » ?

Aujourd’hui, nous souhaitons lancer un message aux Français, en espérant que le nouveau gouvernement l’entendra : n’ayez pas peur des jeunes, incluez-les, pensez à eux, faites leur confiance, et la jeunesse saura non seulement être reconnaissante, mais sera surtout plus engagée que jamais. Nous, jeunes, voulons désormais prendre part à la construction de notre avenir. Comptez-sur nous, nous sommes prêts ! 

Pour nous, la jeunesse est à la société ce que le dentifrice est à la brosse à dents. L’un ne peut s’imaginer sans l’autre. L’un ne peut fonctionner sans l’autre. 

A l’évidence, les jeunes sortiront du tube : la société sera-t-elle façonnée comme une robuste brosse à dents pour que nous menions une union heureuse ? 

Selon nous, voici les mesures phares que le nouveau gouvernement devrait engager.

 

Considérer l’accès au numérique comme droit fondamental

Les discours et les initiatives pour l’inclusion sont légion : genre, origine ethnique, orientation sexuelle ou politique… tout le monde a (presque) sa place dans notre société aujourd’hui et la discrimination est proscrite. Si très souvent les conditions de l’inclusion sont garanties, il reste des Français qui ne maîtrisent pas ou très peu le fondement d’une révolution qui transforme nos usages et nos façons de travailler, d’interagir avec les autres : le numérique. 

Selon nous, l’inclusion doit aussi être numérique et elle doit s’incarner par deux actions majeures du prochain gouvernement. La première est d’inscrire l’accès au numérique comme droit fondamental. Une démarche symbolique pour acter l’importance du numérique dans la vie des Français et pour commencer à œuvrer pour l’égalité en matière de numérique. La seconde, est d’en faire un véritable service public en dotant tous les français d’outils de base gratuits pour en avoir la maîtrise (logiciels, VPN, antivirus, etc.). 

Enfin, éduquer les Français à l’hygiène numérique doit être une priorité nationale : trop nombreux sont les citoyens qui ne sont pas armés face aux dangers des technologies numériques. Il est donc un devoir pour le prochain gouvernement, de travailler main dans la main avec l’ANSSI pour engager des démarches de prévention active et accessibles (spots télévisés aux heures de grandes audience, encarts publicitaires sur les sites et plateformes les plus visités, affiches de prévention, etc.).

 

Consulter la jeunesse pour des décisions durables

Tous les indicateurs semblent enfin révéler une mise au diapason – en Europe occidentale – des alertes de la communauté scientifique avec la volonté citoyenne de protéger notre environnement. La jeunesse souhaite y prendre part. C’est de son avenir qu’il est question et elle ne veut plus être spectatrice d’un ordre du monde – hérité du XXe siècle – qui ne marie pas progrès et respect environnemental. Sortir des carcans partisans, prendre position, s’investir, et ensemble inventer les solutions de demain, voilà peut-être la profession de foi de tous ces mouvements dispersés de la jeunesse. Voilà peut-être l’ambition du futur du rapport Devant Nous : incarner une parole jeune au service d’un monde durable. 

Dans la lignée de la convention citoyenne pour le climat, menée par 150 français tirés au sort, nous proposons que soit lancée une convention citoyenne pour la jeunesse, représentative des différentes jeunesses qui composent la France, pour aborder les sujets qui les concernent et les inquiètent. Cette convention porterait sur l’environnement toujours, mais également sur tous les autres sujets de société d’importance et d’avenir (travail, éducation, santé, etc.).

 

Fortifier la représentativité générationnelle

Les jeunes sont un réservoir à idées et doivent prendre part aux décisions qui impacteront leur futur. Les décideurs de demain se trouvent parmi les jeunes d’aujourd’hui.

Nous pensons que les jeunes devraient être davantage représentés dans les organes de l’Etat. Ceci permettrait de susciter enthousiasmes et ambitions pour que les politiques publiques prennent en compte les préoccupations de tous. Dans la mesure où les jeunes sont des citoyens comme les autres, il est tout à fait envisageable qu’ils soient aussi des décideurs. 

Pour ce faire, nous proposons la mise en place d’un quota légal de nomination de jeunes dans les instances de décision publique.

 

Coordonner les initiatives de tous les acteurs de la société civile 

La crise a démontré une grande capacité de la société civile à se mobiliser pour l’intérêt général : l’initiative citoyenne masquesolidaire, la mobilisation massive des entreprises privées en réorganisant leur production pour pallier la pénurie de gel hydroalcoolique, les dons massifs à la Fondation AP-HP de la part d’entreprises… sont autant d’actions non publiques qui ont permis de faire face au désordre sanitaire de ces derniers mois.

Dans son rôle de gestionnaire de crise, l’Etat doit être en mesure d’évaluer sa capacité de réaction en identifiant les ressources de tous les acteurs de la société civile pour soutenir une gestion de crise fonctionnelle voire accidentelle. 

Nous appelons à une interaction plus forte entre le service public, les entreprises privées et la société civile au sens large qui abritent des réserves humaines et techniques importantes pour soutenir l’action de l’Etat. La Réserve civique a commencé à élargir son champ d’action pour réceptionner toutes les initiatives citoyennes et nous proposons que l’Etat la dote de moyens financiers importants pour devenir le réservoir principal de toutes les actions solidaires.

De leur côté, les entreprises privées pourraient structurer ces réserves humaines et techniques en encourageant le mécénat de compétences et, à l’échelle des branches, en poussant à la création de réserves professionnelles. En ce sens, et par geste d’encouragement, le prochain gouvernement devra valoriser et récompenser l’effort de crise des entreprises privées durant la crise.

 

Faire de l’Engagement une priorité nationale

Ecole, travail : voici des activités qui occupent le quotidien des Français et qui disposent de leur propre Ministère. En revanche, dans leur quotidien, les Français sont aussi engagés dans des structures autres que les entreprises privées, les organisations publiques, les écoles ou les universités. Il s’agit des fondations, des associations, etc. 

Qu’en est-il de ces activités d’engagement qui sont porteuses d’impact, dans lesquelles les jeunes et les seniors sont fortement représentés, et qui ne sont pas ou peu représentées au sein des institutions ?

Nous proposons de créer ministère de l’Engagement, dont le ministre serait un jeune entouré de secrétaires d’Etat, parmi lesquels des seniors, représentatifs de toutes les activités d’engagement. La mission du nouveau ministre serait de valoriser l’ensemble des initiatives prises par la société civile, afin de contribuer à une cohésion nationale intergénérationnelle. 

 

Incarner le multilatéralisme 

Lors de cette crise, nous nous sommes rendu compte que l’ordre mondial que nous avions connu, incarné par l’ONU n’était pas immortel : le multilatéralisme ne doit pas être considéré comme acquis mais une ligne de crête entre l’intérêt général et des intérêts nécessairement particulier des différentes nations. Cette idée doit être défendue car elle est – encore aujourd’hui – le meilleur moyen de faire tendre l’ordre mondial vers plus de justice, de coopération et d’égalité. 

Dans ce contexte, nous souhaitons renforcer les projets internationaux afin de rassembler les jeunesses de nations diverses autour d’enjeux communs et réfléchir en confrontant leurs points de vue. A titre d’exemple, (dans cette lignée) des Erasmus sectoriels (développement durable, cyber, défense, numérique, etc.) pourraient être facilement mis en place et encouragés par la France dans le cadre de la construction européenne. De même, la France pourrait favoriser l’inclusion de la jeunesse française à travers d’autres dispositifs centrés sur ses engagements auprès d’organisations internationales comme l’OTAN, l’ONU, l’UNESCO, l’OMS, etc. Une façon de renforcer des dispositifs multilatéraux existants et de faire en sorte que la jeunesse se les approprie au mieux pour en être de meilleurs ambassadeurs.

 

Raphaël Kenigsberg et Fadila Leturcq

 

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