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13H32 - jeudi 29 septembre 2016

États-Unis – Maroc – France : petite histoire d’un véritable triangle

 

Le premier État à signer un document diplomatique avec les États-Unis fut l’Empire du Maroc, selon les termes de l’époque. Le socle en fut la navigation. Le sultan (« Empereur ») avait de l’estime pour cette nation chrétienne naissante, et les Américains trouvaient en lui un « Maure » qui était bien disposé envers leurs navires. George Washington lui-même entra en correspondance avec le Sultan Mohamed III. Le Maroc montrait son ouverture vers le grand large atlantique. En parallèle, le Royaume de France scellait une alliance avec ces mêmes États-Unis et y apporta un soutien naval et  technologique (l’artillerie terrestre), décisif contre les Britanniques. Vu du bureau de George Washington, sa jeune république avait ces deux alliés. Ce fut le début du triangle.

Le XIXème siècle vit la poursuite loyale des relations américano-marocaines, alors que les choses se dégradaient jusqu’à des guerres avec la France monarchique avant de revenir à une certaine normalité. Lorsque la République française et le Royaume d’Espagne finirent par se partager le Maroc (qui glissa d’Empire chérifien à sultanat) sous le régime du protectorat, les États-Unis mécontents ne reconnurent pas le changement avant 1917, en guise de cadeau diplomatique à la France en guerre.

Toujours est-il qu’avec le Débarquement américain de novembre 1942 sur les côtes marocaines, et l’arrivée subséquente de Franklin Roosevelt à Casablanca et la légitimation internationale de Mohamed V, les relations américano-marocaines étaient en voie de reprendre dans l’optique américaine de la décolonisation.

En parallèle, les relations franco-américaines, toujours houleuses mais étroites et interdépendantes, entrèrent dans une phase post-coloniale subtile : de nombreux États nouvellement nés en Afrique traitaient plus volontiers avec Washington que Paris, et Washington n’exploitait pas cet avantage contre la présence française. Un autre genre de triangle. Mohamed V visita les États-Unis en 1957, Richard Nixon vice-président, vint au Maroc.

Diplomatiquement et militairement, les États-Unis se firent très proches du Royaume en matière de formation militaire et d’armement, après un court flirt maroco-soviétique. L’aviation marocaine est aujourd’hui un mélange de matériel français et américain, des Mirages et des F15. L’équidistance heureuse entre Paris et Washington est ici évidente. Cependant, dans le dossier du Sahara Occidental, le Congrès américain soutient très majoritairement les thèses officielles marocaines contre l’indépendantisme sahraoui — bien plus clairement que la France. 

Enfin, dans le domaine économique, les relations entre entreprises américaines et marocaines, sous le patronage de l’Etat marocain, avancent vite : le constructeur aéronautique Boeing vient de s’engager par contrat à créer une zone industrielle à Tanger, pour 126 sous-traitants fournisseurs de Boeing, permettant la création de 8.700 nouveaux emplois spécialisés. L’avionique, c’est du transport, comme la navigation il y a deux siècles. Mais Boeing est déjà lié à Safran, entreprise française, au Maroc. Le triangle Maroc-États-Unis-France trouve encore et toujours un moyen de fonctionner.

Avec la COP22 qui s’en vient à Marrakech, et le passage de relais très sophistiqué entre la partie française et la partie marocaine, avec l’inévitable présence américaine, il y aura du triangulaire dans l’écologie aussi. 

 

Harold Hyman

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