Edito
11H05 - lundi 3 février 2025

Coupe du monde au Qatar, grands chantiers dans le Golfe : l’épineux problème des frais de recrutement des travailleurs migrants

 

On se souvient qu’à l’approche de la Coupe du monde de football FIFA au Qatar en 2022, de nombreuses entreprises internationales ainsi que les autorités qataries ont été montrées du doigt par l’opinion publique internationale dénonçant les conditions dans lesquelles des travailleurs étrangers construisaient les stades de cet événement international.

Au cœur des récriminations, le traitement réservé aux travailleurs migrants souvent venus d’Asie (Philippines, Bangladesh, Inde, Népal…) et d’Afrique. Littéralement détroussés par des agences véreuses, ils étaient contraints de verser des sommes importantes à des « agences de recrutement » dans leurs pays d’origine.

Ainsi, même pour des contrats courts de trois mois, et selon une enquête fouillée d’Amnesty International, certains ouvriers ont dû payer plus de 185 euros, certains même plus de 550 euros, soit plus d’un tiers de leurs revenus escomptés. Pour beaucoup, ces sommes incluaient jusqu’à 280 euros de frais d’agence, ainsi que des évaluations médicales avant leur départ pour le Qatar (tests COVID-19, contrôles de casier judiciaire…).

Comme le dénonçait Human Rights Watch, dans une enquête publiée quelques semaines avant la Coupe du monde de foot, « des travailleurs migrants ont affirmé avoir payé des frais de recrutement qui leur étaient inabordables en empruntant de l’argent à des taux d’intérêt élevés, en vendant des biens et en épuisant les économies de la famille. De nombreux travailleurs sont alors tombés dans la servitude pour dette et n’avaient plus la possibilité d’abandonner leur travail […] ».

Détroussés avant même d’arriver au Qatar, ces travailleurs se retrouvaient également hébergés dans des conditions indignes et soumis à des conditions de travail contraires à toutes les normes internationales.

Toujours selon Human Rights Watch, les autorités qataries avaient instauré dès 2014 « des Normes de bien-être pour les travailleurs (Workers’ Welfare Standards) à toutes les compagnies ayant signé un contrat de prestation de services liés à la Coupe du monde, lesquelles exigent des contractuels, entre autres normes destinées à promouvoir le bien-être des travailleurs, de s’assurer que ceux-ci ne soient pas soumis au paiement de frais quelconques, et qu’ils en soient remboursés dans le cas contraire. »

Un système universel de remboursement avait donc été ensuite mis en place.

Cependant, un an après la Coupe du monde, de nombreux travailleurs n’ont toujours pas été indemnisés des préjudices subis pendant leur « séjour » professionnel au Qatar, comme prévu par le Fonds d’héritage de la Coupe du monde Fifa, mis en place par l’émirat.

 

La méthode France

Pour tenter d’enrayer à son échelle le phénomène, une entreprise française présente sur les chantiers dans les pays du Golfe a déployé une méthodologie plus discrète mais plus efficace, et ce bien avant la préparation de la Coupe du monde de foot, pour valoriser et respecter les travailleurs recrutés dans cette région en très forte croissance.

Ainsi, QDVC, la filiale de Vinci au Qatar, a mis un point d’honneur à sensibiliser les travailleurs en déployant notamment une méthodologie efficace visant à protéger leurs droits, dans le cadre d’un partenariat avec l’Organisation Internationale du Travail. Selon le « principe de l’employeur-payeur », QDVC exige par exemple que chaque contrat de recrutement mentionne clairement que les coûts de recrutement sont couverts par l’entreprise et que les travailleurs n’ont aucuns frais à payer.

Dès les années 2010, QDVC a pris l’habitude de s’impliquer dans chaque étape du recrutement, notamment en envoyant ses propres ressources humaines et équipes techniques dans les pays d’origine des travailleurs pour s’assurer du respect de ses principes par ses partenaires, participer directement aux entretiens de recrutement et aux tests d’aptitude et communiquer directement avec les candidats sur l’absence de frais de recrutement.

Ces lignes directrices permettent de considérer que Vinci, comme la plupart des entreprises françaises, figure parmi les compagnies les plus convoitées par les travailleurs migrants ; ces derniers se passant le mot quant aux conditions de travail meilleures que sur d’autres chantiers.

En 2016, Sabine Gagnier, chargée de plaidoyer entreprises et droits humains à Amnesty International France, avait elle-même reconnu, dans un entretien avec le journal Le Monde, avoir été en contact avec Vinci : « Ils ont conscience des problèmes et ils nous exposent les mesures qu’ils sont en train de prendre. C’est un dialogue continu avec eux. »

Et d’ajouter, dans ce même entretien, s’agissant de la filiale qatarie de Vinci, QDVC, « en ce moment ils travaillent beaucoup sur la question des agences de recrutement, qui demandent des frais excessifs aux travailleurs dans leur pays d’origine. Vinci a mené une enquête jusque dans les villages d’où viennent les travailleurs népalais, par exemple, pour voir à quel moment des frais leur sont demandés. Ils ont ensuite essayé de payer toutes les agences de recrutement et expliqué aux travailleurs qu’ils n’avaient pas à payer pour être embauchés. »

 

Au-delà des postures, l’essentiel est de permettre à des travailleurs en mal de revenus et d’avenir professionnel de profiter de l’essor économique de pays leaders tout en bénéficiant des meilleurs standards internationaux de protection et de droits. Sur ce chemin, dans l’ensemble, les entreprises françaises renforcent leurs exigences pour honorer leur réputation, et favoriser le développement de standards plus élevés dans les pays où elles s’implantent.

 

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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