La chronique de Jean-Philippe de Garate
11H13 - vendredi 19 avril 2024

L’irréductible beauté des choses – Chronique pour une nouvelle époque de Jean-Philippe de Garate

 

Photo Savy Svay

La pluie peut engendrer, au seul énoncé de son nom, divers effets sur nous.

Certains ouvriraient presque leur parapluie en pleine lecture ! j’en vois d’autres remonter leur col.

Alors que la pluie évoquera, ici ou là, le soulagement qu’on éprouve après trop de chaleur, de touffeur… et une pluie tiède telle celle qu’on reçoit en certaines parties du monde – désormais même dans la France du Nord – semblera aussi légère, agréable qu’un souffle de vent.

On le sait depuis longtemps, les choses n’ont pas d’existence en elles-mêmes.

Il en va de même pour certaines évidences.

L’exemple presque caricatural demeure celui du… parcmètre. La version officielle présente l’objet comme participant du mobilier urbain destiné à lutter contre la circulation automobile polluante, toxique… condamnée !

Très bien, admettons le verdict.

Je stationne donc mon véhicule, et vais marcher, prendre les transports publics… Allez ! Jouons au bobo et louons un vélo.

Hop !

Mais alors, pourquoi dois-je payer quand je n’utilise pas mon véhicule automobile alors que son usage, pourtant polluant, sera lui – presque – libre ?

Relevons que si vos tendances masochistes vous incitent à conduire votre véhicule automobile des heures durant dans Paris, vous serez bien sûr impliqué dans quarante-sept embouteillages, insulté par 118 cyclistes, onze piétons et bloqué par le convoi des sept berlines et deux 4X4 du sous-secrétaire d’État à la transition écologique, mais rien ne vous empêchera, en réalité, de perdre et qui sait ? passer ainsi votre temps… Paris ! des Lilas à Passy, de la place de la Réunion à celle de la Division Leclerc…

Votre travail ? Être retenu par les embarras de Paris passe toujours mieux auprès de vos obligés ou qui encore (?) que le mot d’excuses écrit au rouge à lèvres par telle dame trop accorte…

Votre budget ? Certains préfèrent Château d’Yquem, mais bon ! En cherchant bien, on doit trouver pour l’essence sans plomb, son club d’aficionados…

La voiture électrique ? Oublions le sujet. Elle semble condamnée à peine née.

En un mot, on devrait remercier les voitures ventouses, stationnées des jours durant et dont l’immobilité poussiéreuse garantit qu’elles ne contribuent pas, par leur mise en mouvement, au stress et autres maladies urbaines.

Qui n’a vu, sur l’un de ces véhicules, divers dessins enfantins ? Le souvenir me revient d’une camionnette blanche, qui devait bien méditer sur son bout de trottoir depuis deux ou trois mois. Noire de crasse.

Un doigt bienveillant avait sauvé l’honneur par la mention : « Existe aussi en blanc »

Perdons-nous notre temps ?

Si l’on applique ce qui précède à d’autres sujets, peut-être pas !

Ainsi, en politique.

La tendance est de rejeter l’ex « jeune homme brillant » – dont la majeure partie des électeurs ne savaient rien en 2017 – pour… le nouveau brillant jeune homme, ou femme brillante, dont nous ne savons… pas grand chose.

Jean-Philippe de Garaté

Ancien avocat, ancien magistrat, JPG a défrayé la chronique avec son « Manuel de survie en milieu judiciaire » (éd. Fortuna). « Du côté de chez Céline » (éd. Portaparole) a mis en relief sa facette littéraire. A lire également : « Trois petits tours » (Le Lys bleu), Bréviaire de la Destruction (éd. Fortuna), « Le Juge des Enfants » (Portaparole), » l’Avocat » (Le Lys Bleu)…