La chronique de Jean-Philippe de Garate
09H59 - lundi 16 octobre 2023

Éloge ou Bignole. Chronique de la nouvelle époque de Jean-Philippe de Garate

 
L’adjectif qui collera aux basques de ce « gouvernement », tel le sparadrap du Capitaine Haddock, est bien celui-là : prétentieux.

Ce n’est faute d’avoir multiplié les artifices : décorum Versailles relooké Ikéa, mines de circonstances, style vestimentaire de sévères mais jeunes sous-directeurs de banque, rare inventivité en sigles et titres-ronflants – « Le Conseil de la refondation » -, et courir derrière chaque événement, avec, pour autant, un bilan effroyable.

Oublions l’Afrique francophone, oublions les forums internationaux où résonnait auparavant la Voix de la France, oublions la dette abyssale, le mur qui nous attend et l’état du marché, à commencer par l’immobilier, la pression de l’inflation sur l’alimentation des Français, leur logement, les transports défaillants et le désert médical programmé – je dis bien « le désert médical programmé » -, passons sur le niveau de rejet des importants par le peuple, et demeurons sur le fait.

Ce qui se passe en France depuis, en réalité, Khaled Kelkal (1971-1995) et enfle, comme un souffle qui s’insinuerait entre les lattes de notre parquet national, n’a rien que de très logique.

La ville de Robespierre et Guy Mollet est endeuillée mais, dans le fond, personne ne s’interroge – comme d’habitude – sur les causes profondes de ce qu’on nomme depuis trente ans, jusqu’à l’écœurement, « le sentiment d’insécurité ».

Le discours convenu de trois quatre psychologues et d’autant de syndicalistes de l’enseignement n’y fera rien. L’américanisation est bien pointée du doigt, la sinisation parfois, mais personne n’a encore prononcé le nom de Le Corbusier (1887-1965).

Ouvrir les espaces, c’est bien. Aérer les enfants, c’est parfait. La Villa Savoye de Poissy (1928), élaborée au milieu d’un large jardin par Charles-Edouard Jeanneret-Gris – plus connu sous le nom de Le Corbusier – était adaptée à l’enfant en chaise roulante des propriétaires.

On oublie toujours – comme d’habitude – le « petit détail ».

Si la « France périphérique » est devenue ce qu’elle est, c’est d’abord parce qu’elle devenue une zone hors contrôle. L’ancien magistrat correctionnel de basse-banlieue que j’ai été pourrait aligner les exemples comme certains alignent les bougies … le lendemain du nouveau drame.

Simonne Delattre publiait en 2000, « Les douze heures sombres » et détaillait le processus, le labeur persévérant, jamais découragé, de la France du dix-neuvième siècle pour « faire reculer la nuit ».

Faire reculer la nuit ! Et arrêter de dire des bêtises.

« Mettre un policier derrière chaque enseignant ». Et pourquoi pas, comme le préconisait en 2007 notre Prix Nobel Royal Ségolène, faire raccompagner les policières à leur domicile … par un policier ?

Tôt ou tard, on y revient. La sécurité est un ensemble, et de même que le Moyen-Age, s’extirpant de cinq siècles de barbarie, a dû élever des tours et des murs, de même les concierges, ces maîtres de l’huis, ont joué un rôle-clef de reprise de contrôle de la Cité.

Jean-Philippe de Garaté

Ancien avocat, ancien magistrat, JPG a défrayé la chronique avec son « Manuel de survie en milieu judiciaire » (éd. Fortuna). « Du côté de chez Céline » (éd. Portaparole) a mis en relief sa facette littéraire. A lire également : « Trois petits tours » (Le Lys bleu), Bréviaire de la Destruction (éd. Fortuna), « Le Juge des Enfants » (Portaparole), » l’Avocat » (Le Lys Bleu)…