Solutions pour la France
12H46 - mardi 22 mars 2022

Les cabinets éphémères, oasis d’espoir dans la lutte contre les déserts médicaux

 

Face à la pénurie de praticiens dans le Pas-de-Calais, une commune a installé un cabinet éphémère dans lequel se relaient des jeunes médecins remplaçants. Peu médiatisée, l’initiative ne fait pas partie des propositions des candidats à l’Élysée, mais gagnerait peut-être à être expérimentée à plus grande échelle.

Comment se soigner sans médecin à proximité ? Dans les esprits de 8 % de la population française, la question se pose. Cette extrême difficulté à accéder aux services médecins généralistes et qui concerne 5 millions de Français est désignée par l’expression « désert médical ».

Briser le cercle vicieux du désert médical

Comme la plupart des autres communes désertées par les praticiens, Mazingarbe (Pas-de-Calais) et ses 7 900 habitants se situent à mi-chemin entre le milieu urbain et rural. Plusieurs petites villes l’entourent, mais une dizaine de kilomètres séparent Mazingarbe de Lens et Béthune.

En conséquence, la plupart des médecins choisissent de s’installer dans une zone à la démographie plus dense. Une solution envisageable face à ce phénomène serait d’attirer des praticiens en quête d’expérience sans qu’ils aient à s’établir sur place. Voilà le choix qu’a réalisé Mazingarbe en mettant matériel médical et bureau inutilisé à disposition de médecins novices se relayant tour à tour tout au long de la semaine. Une aubaine à la fois pour la commune, qui comble sa perte de patientèle, et surtout qui rassure les personnes se montrant hésitantes à s’installer dans des lieux où il n’y a pas de médecin, et les jeunes diplômés, dont l’expérience vient en pratiquant.

 

Une solution moins contraignante à celles des candidats

D’autres territoires comme Mazingarbe souffrent d’un symptôme similaire, mais pas moins tenace : ils manquent de médecins. La raison ? Les praticiens partant à la retraite sont remplacés par un nombre insuffisant de nouveaux professionnels de santé. Le thème a d’ailleurs alimenté les discours de campagne des candidats à l’Élysée.

« Un médecin ne pourra s’installer dans une zone déjà pourvue sans remplacer un médecin qui sera parti », a ainsi assuré Yannick Jadot lors de sa campagne. Plus à gauche encore, Jean-Luc Mélenchon veut obliger les jeunes médecins à s’installer dans un désert médical durant 10 ans, en échange d’un Smic mensuel durant leurs études. À l’opposé de l’échiquier politique, Marine Le Pen parle de « rééquilibrage » entre zones pourvues et dépourvues de généralistes, tandis qu’Éric Zemmour souhaite « embaucher 1 000 médecins d’urgence » pour les déserts médicaux. Valérie Pécresse a quant à elle réitéré son projet de créer une année supplémentaire de formation pour les internes de médecine générale qu’ils passeraient dans un territoire qui manque de médecins. Leur formation passerait de trois à quatre années d’études.

De toutes les propositions, aucune ne garantit la liberté d’action des praticiens. Chacune d’elles a sa part d’obligations pour les généralistes qui, dans bien des cas, auraient à s’installer là où le manque d’effectif le requiert. À l’exception près de l’initiative de Mazingarbe. Le principe les dédouane de tout engagement involontaire à longterme. Un élément important pour le futur de leurs carrières. Car, s’installer définitivement demande beaucoup de responsabilités après 9 à 10 ans d’études. Dans la pluie de propositions défendues par les candidats, celle de Mazingarbe est ainsi la seule à ne pas inonder de contraintes la profession. En cas d’expansion, saura-t-elle transformer l’avenir des déserts médicaux en oasis d’espoir ?

 

Noé Kolanek