La chronique de Jean-Philippe de Garate
10H43 - lundi 17 mai 2021

Mitterrand (1916-1996), homme de gauche ?

 

Chronique pour la nouvelle époque de Jean-Philippe de Garate

Décidément, rien ne changera jamais. Le contenant, le verre, s’il porte l’étiquette « moutarde » ne pourra que difficilement être – même si on constate, on vérifie, on analyse le contenu – rebaptisé « mayonnaise ». Il se trouvera toujours une cohorte de clients habitués, auto-proclamés experts, une meute de sous-chefs de rayon, pour asséner ceci cela : les bons de livraison sont formels – c’est écrit, Monsieur ! c’est de la moutarde ! -, et l’observateur de bon sens, l’analyste un peu scrupuleux seront réputés myopes, daltoniens, incompétents, membres d’une secte, et patati.  Bref, on peut avoir devant les yeux de la mayonnaise, pour le coup, la mayonnaise ne prendra pas…

Il en va de même en Histoire. Alors, qu’il soit permis de se livrer à un exercice qui n’est pas très difficile. Pour ne pas heurter les uns les autres, « oublions » les ouvrages parus dans les années 1992-1996 sur « la main droite de Dieu », « Vichy, un passé qui ne passe pas », « Une jeunesse française », toute une littérature sur Mitterrand et Bousquet, Laval (Eugène Claudius-Petit a témoigné avoir entendu, sur le quai de la gare de Vichy, le futur président lui chanter les louanges du revenant d’avril 1942), le docteur Martin, Jacques Corrèze, les liens familiaux, et la Cagoule, tant d’autres ! Et oublions aussi les manifestants, dès 1935, attroupés devant la fac de droit contre le professeur Jèze et objectivement favorables à l’Italie du Duce en Abyssinie, puis Ethiopie. Avec un certain François Mitterrand parfaitement identifiable sur les photographies. Et égrenons simplement des faits.

1965 : Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat de l’Algérie française, appelle à voter au deuxième tour des présidentielles contre Charles de Gaulle, pour Mitterrand. Ce soutien n’est pas refusé.

Mais attendons surtout le fameux 10 mai (1981), et cette liste livrée ici, sans hiérarchie ni chronologie, dans le désordre – tant le nombre est conséquent- à la lecture du patient lecteur. Voici un déroulé non exhaustif des décisions prises par François Mitterrand après son élection.

Il semble utile d’ajouter ceci : je ne juge pas, j’expose.

  • Reconstitution de carrière des généraux putschistes d’Alger
  • Intervention auprès des chaînes de télévision pour que Jean-Marie Le Pen puisse y avoir accès
  • Proportionnelle aux élections législatives (1986) : entrée à l’assemblée nationale d’une quarantaine de parlementaires du Front National, laminage du PCF
  • Transmission au président Reagan de la liste Farewell, comportant le nom des espions soviétiques et « cassant » l’espionnage russe pour nombre d’années
  • Soutien dans les deux heures à Margaret Thatcher, lors de l’agression argentine sur les Malouines. A l’ONU, l’Italie refusera de condamner le maréchal Galtieri, alors à la tête de la junte argentine.
  • Départ des ministres communistes à l’issue de la formation du gouvernement Fabius. Le PCF, jusqu’alors puissant (1 électeur sur 5), ne se relèvera pas de la contradiction – dans un laps trop court -entre participation gouvernementale la veille, opposition le lendemain.
  • Demande à la Yougoslavie du rapatriement des cendres du roi Charles X, mort en 1836 du choléra à Göritz (actuelle Slovénie)
  • Millénaire capétien de 1987, qui intéresse à l’évidence le président, davantage que le défilé de 1989, bicentenaire de la révolution.
  • Résurrection d’artistes tel Charles Trenet, inquiété à la Libération
  • Acceptation du soutien de Bertrand Renouvin, royaliste, lors des élections présidentielles
  • 1983 : refus de décrocher le franc, et ralliement à l’austérité monétaire européenne.

Il y a tant d’exemples, de preuves, de déclarations du Florentin, en tous domaines, qu’on aurait pu s’attendre à un peu de retenue de la part des anciens dirigeants socialistes. Dirigeants qui, sous le règne de « Tonton » (1986), puis de « Dieu » (1988) ne jouaient au mieux que dans la cour des utilités. Que Hollande, Jospin qui, il est vrai, disparaitront de l’Histoire, puissent se réclamer d’un homme qui les méprisait ouvertement devant son carré intime, dit assez leur aveuglement : ils se croient vivants ! ils se croient socialistes, mais surtout : ils LE croient socialiste.

Peut-on même dire que Mitterrand fut un homme de gauche ? à titre de comparaison, posons-nous quelques questions comparatives :  Qui a institué le regroupement familial ? serré la main des prisonniers en oubliant celle des gardiens ? Qui a joué les « petits télégraphistes » entre Moscou, la Pologne communiste et la France ?

Mitterrand ou Giscard ?

Ce qu’on nomme en droit la « dénaturation » des faits et leur nécessaire « requalification » n’effleure pas nos commentateurs officiels. Heureusement, certains historiens remettent – parfois – les hommes politiques à leur juste place…

 

Jean-Philippe de Garate

 

 

 

 

 

 

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