Afriques
09H28 - lundi 17 mai 2021

Développer l’Afrique pour éviter les flux migratoires.

 

Une initiative de Michel Taube, fondateur d’Opinion Internationale, éditorialiste et écrivain, et de son équipe, avec Alain Dupouy, consultant International, directeur Général du Cabinet OM2A Consulting (Outre-Mer & Afrique), Président du Think Tank Club Objectif Afrique Avenir O2A.

 

L’immigration est devenue en France et en Europe un des thèmes majeurs du débat politique et l’un des catalyseurs des comportements populistes de nombreux citoyens européens. Les Etats et l’Union européenne ont tenté depuis des années d’y apporter des solutions, limitées ou temporaires. Sans succès.

Face aux migrants fuyant les guerres, en Irak, en Syrie, l’UE paye 3 milliards d’euros, chaque année, au dictateur turc Receipt Erdogan, pour qu’il garde 2 millions de migrants, sur son territoire, lui permettant ainsi de nous menacer du chantage de l’ouverture des vannes de la migration, à la moindre crise.

Quant à la migration africaine, nous avons accepté, depuis 2015, que les islamistes de Tripoli et Misrata implantent, un « Hub migratoire » sur les côtes libyennes pour envahir l’Europe. Cette « foire aux migrants » a transformé la Méditerranée en cimetière marin de milliers de migrants et enrichi les milices islamistes de millions de dollars…

Plus de 150 000 candidats à la traversée attendent toujours en Libye et la route maritime « Afrique-Canaries » est réactivée fortement. Notre lâcheté ou notre inconscience à prendre, par de vraies mesures, à bras le corps ce problème, explosif, pour notre avenir tout autant que pour celui de l’Afrique, sont responsables de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons.

Laquelle est accentuée par les projections démographiques annoncées. A savoir un continent africain comptant 2,2 milliards d’habitants en 2050 quand l’Union européenne n’en aura que 450 millions. Avec plus du double de sa population actuelle, les démographes nous prédisent « des vagues migratoires submersives » vers le continent européen.

Face à ce danger n’est-il pas temps de mettre en œuvre un véritable « Partenariat Afrique-Europe » afin de solutionner les problèmes présents et prévenir les menaces futures ? Les problèmes présents sont la déstabilisation de nos Etats, la montée du communautarisme, la poussée des partis populistes et le délitement de nos démocraties. Les menaces du futur, ce sera -si ce n’est déjà le cas – l’exploitation des migrants comme « kamikazes islamistes » et l’impossibilité du » vivre-ensemble ».

Alors que pourrait être un « Plan européen pour l’Afrique », le terme étant plus prometteur que les énièmes plan Marshall pour le continent africain annoncés ? Ce Plan serait celui du « co-développement », toujours promis, jamais réalisé. De quoi s’agit-il ? D’un constat simple : la majorité des migrants du continent africain fuient la pauvreté. Pour empêcher ces départs, il faut leur permettre d’y vivre et d’y travailler dans des conditions décentes.

Pour ce faire, le Fonds Européen de Développement (FED), sorte de guichet de l’aide financière – conditionnée – de l’UE aux pays Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) depuis plus de 30 ans, est totalement obsolète. Il ne répond plus aux réalités et à l’urgence du temps présent.

Pourquoi et sous quel format, un « Plan de Co-développement Europe-Afrique » ? Comme le disait l’ancien ministre, Jean-Louis Borloo, « l’Afrique est à la fois un monde informé et un monde dans le noir » ; près de 800 millions de portables et 500 millions d’Africains vivent sans électricité ! C’est tout le paradoxe de ce continent.

De nombreux efforts ont été fait depuis 7 ans pour électrifier l’Afrique mais ce sont surtout les habitants des capitales et des villes portuaires qui ont accès à l’électricité. Or comment convaincre des entreprises de s’installer si elles ne peuvent fonctionner qu’avec des groupes électrogènes pour faire face aux délestages des réseaux électriques nationaux ?

Aider l’Afrique à développer ses infrastructures, dans l’eau, dans les transports et surtout dans l’électrique (ce seul secteur nécessite près de 40 milliards d’euros par an d’investissement sur vingt ans). Un Africain utilise en moyenne 1000 mégawatts par an quand un européen en consomme 12000 ! Barrages hydroélectriques (seul 10% du potentiel du continent est exploité), solaire, centrales au gaz, nucléaire civil (l’Afrique du Sud va disposer de centrales mais pourquoi pas la Côte d’Ivoire pour alimenter l’Afrique de l’ouest) devraient y contribuer.

Seule la réalisation de ses infrastructures permettrait de créer une croissance plus forte et de réduire de façon significative la pauvreté.

Et l’industrie ? L’Afrique est le continent le moins industrialisé du monde. La part de la valeur ajoutée du PIB est passée, hors Afrique du Nord, de 16,6 à 12,7% ces quinze dernières années. De nombreux pays européens ont des usines, dans les secteurs de l’agro-alimentaire, de la santé, de l’automobile, en Chine, en Inde, en Amérique du Sud.

Pourquoi pas en Afrique, qui est à nos portes et dont 60% de la population a moins de 30 ans. Une richesse humaine qui est un atout. L’UE pourrait mettre en place un immense plan de formation professionnelle pour le continent, chaque pays l’adaptant ensuite aux besoins de ses filières industrielles ou agricoles nationales.

Quant à l’agro-industrie, elle s’impose, le continent ayant les réserves de terres arables les plus importantes de la planète.

Ce Partenariat d’intérêts mutuels serait mis en place par l’Union européenne en coopération avec l’Union africaine, la BAD, la BOAD, la BEI, les Institutions internationales et les institutions régionales africaines.

Quand, enfin, allons-nous comprendre que l’avenir de l’Europe se joue en Afrique !

Son potentiel de développement est immense avec des richesses naturelles, une population active importante, l’essor d’une classe moyenne de 350 millions d’habitants.

L’Europe, après la terrible pandémie que nous venons de vivre, cherche des relais de croissance. Elle en a un, extraordinaire, à quelques kilomètres de ses côtes, avec l’Afrique.

 A condition d’accompagner ce co-développement, dans un « partenariat gagnant-gagnant ».

 

Michel Scarbonchi

Ancien député européen, consultant international

 

 

 

 

 

 

 

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Ancien député européen

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