La chronique de Jean-Philippe de Garate
10H19 - mercredi 10 février 2021

Comme une déferlante. Chronique d’une nouvelle époque de Jean-Philippe de Garate

 

Lorsqu’un bateau en bois coule, l’eau qui s’infiltre à l’intérieur de la coque détache par le dessous, une par une, les lattes du plancher. Le cinéma a bien compris le caractère spectaculaire de la scène – on dirait des touches de piano qui s’envolent en quelques instants- sans oublier le bruit caractéristique du décollement : toc toc toc… Mais surtout, personne n’oublie la vitesse : on en reste sidéré.

Notre société, depuis en réalité des siècles, perd les repères qui lui donnent un sens, et les « lattes » sautent. Si je t’oublie Jérusalem… alors la mer me ramènera vers toi. L’eau, cette chose douce sans laquelle un homme ne survit pas dix-quinze jours, l’eau de mer, cet élément qui couvre les deux tiers de notre planète, devraient peupler notre imaginaire. Mais l’idée de vague est absente de nos esprits, parce que la France, derrière toutes les puérilités de la novlangue ânonnée par nos pathétiques bobos et les bobards du premier d’entre eux, est devenu un pays immobiliste et tétanisé. Les Français se languissent, s’épuisent, se meurent. Mais pas la France.

Didier Leschi, qui se présente comme « préfet de la république et directeur général de l’office français de l’immigration et de l’intégration », vient de publier un « tract » aux éditions Gallimard. Son titre « Ce Grand Dérangement » est en lui-même une porte qui s’ouvre vers bien des horizons. 

Bien sûr, le grand remplacement, cette thèse excommuniée qui fait bondir nos bobos mais qu’aucun observateur des chantiers, des hommes travaillant sur la voie publique, du monde infernal des livreurs ne peut pas ne pas mesurer. Notamment le taux d’accidentalité des jeunes motocyclistes livrant vingt pizzas en vingt minutes à vingt endroits différents ! De Jean Raspail et son Camp des Saints à la destruction (1979), par Robert Hue, depuis dirigeant du PCF, des escaliers d’accès d’une cité d’immigrés, la réalité est bien celle de la destruction de la classe ouvrière, de nationalité française, protégée, communiste et cégétiste, au profit d’une variable d’ajustement et du retour à Louis-Philippe. Ou à peu près. Le stress incessant en plus.

Le titre du « grand dérangement » renvoie à d’autres horizons, non strictement hexagonaux. En Afrique du Sud, le « grand trek » fut ce mouvement de repli vers le Transvaal et Orange des Afrikaners d’origine hollandaise et française, poussés par l’avancée des Anglais de la grande époque de Cecil Rhodes. Aux Etats-Unis, « la ruée vers l’Ouest » fut bien sûr un mouvement vers la « frontière », mais aussi un dérangement lié à l’arrivée de nouveaux immigrants. La résultante d’une poussée… On pourrait multiplier les exemples.

Le « tract » de Didier Leschi, dont les cinquante-six pages se lisent d’un trait, permet de dire sur un mode officiel et calme ce que d’autres avaient exprimé par des cris de souffrance. Et bien sûr, que nos bobos outrés avaient traités d’excessifs, que sais-je encore ? Mais les chiffres sont là. Et tout le monde sait maintenant que circulent sous le manteau les statistiques ethniques que, tel le sein chez Tartuffe, il faudrait cacher, car on ne « saurait les voir » … Une république qui a peur de la réalité n’en est plus que l’ombre. 

Telle une déferlante qui peut soit submerger, soit se briser sur les murailles, mais dont la puissance – que Didier Leschi détaille tel un médecin détaille une belle maladie- dépasse les cerveaux formatés de nos « élites pensantes ( ! ) », ghettoïse encore un peu plus nos centres-villes tétanisés de peur, la lame de fond enfle, et enflera, car elle résulte de la démographie mondiale…

Daniel Balavoine chantait en 1979, alors que les sidérurgistes lorrains condamnés à disparaître descendaient sur Paris, « Quand on arrive en ville », une chanson à réécouter ! en urgence ! Les guets, les octrois, les polices municipales, les vigiles, voire l’armée, seront impuissants… Trop tard ! 

A l’autre bout du monde, dans la mer de Bellingshausen, qui prend de plein fouet la fougue du bien mal-nommé Pacifique, les vagues peuvent atteindre quarante mètres de hauteur. Aucun Hexagonal, hormis quelques marins pêcheurs et aventuriers de l’Antarctique, ne peut concevoir ce que cela peut être, lorsqu’on la voit. Et surtout, lorsqu’on affronte la seconde, quelques dizaines de secondes après la première… en tentant de survivre à la troisième.

Ce n’est pas par hasard si Didier Leschi fait – ce qui en soi s’avère étonnant chez un préfet de la République – une référence presque constante au Pape François. Deux raisons.

L’Eglise et plus précisément les Jésuites dépassent depuis leur origine l’ordre de la pensée nationale : Rends à César… . La seconde raison ressortit de la provenance géographique du Pape, Argentin qui embrasse les mouvements de population. Ainsi, personne ne le sait ou presque, l’exil des Vénézuéliens ruinés, constitue une sorte de vague à rebours vers l’Espagne. Mais ce n’est rien ! Il faut lire les chiffres !

La république ne le sait pas – et Didier Leschi ne le dit pas – mais, sous la république demeure la France. Et la fille aînée de l’Eglise qui se croit républicaine est devenue ce vaste hospice d’un monde implacable, capitaliste, protestant anglophone, voire matérialiste chinois. Bien des poncifs sont lessivés par la lecture de ce petit opuscule ! Il lève notamment, mezzo voce, l’anathème sur la révision des classifications politiques : et si notre extrême-droite n’était pas celle que l’on croit, mais celle des bobos ayant, par exemple, rejeté en quasi-totalité les immigrés de notre capitale ?

Rien ne résiste au fait, à la vague. Il faut lire Didier Leschi.

 

Jean-Philippe de Garate

 

 

 

 

 

 

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