La chronique d'Anne Bassi
05H43 - samedi 5 décembre 2020

« On ne sait jamais ce que réserve le passé » : entretien avec Anne Bassi, auteure de « Le Silence des matriochkas »

 

Elle est chroniqueuse littéraire pour Opinion Internationale. Anne Bassi, amoureuse des livres au point de leur y consacrer presque une deuxième vie, a commis son premier roman. Un petit bijou qui méritait un dossier à la Une d’Opinion Internationale et surtout d’être lu.

Avant-goût en trois parties avec un dossier signé Catherine Fuhg, journaliste et romancière elle-même :

L’Echo du silence avec Anne Bassi et « Le Silence des matriochkas ». L’édito de Catherine Fuhg et Michel Taube

« On ne sait jamais ce que réserve le passé » : entretien avec Anne Bassi, auteure de « Le Silence des matriochkas »

Des Matriochkas au Transgénérationnel. Entretien avec Salomon Sellam

Le Silence des matriochkas est son premier roman, mais pas le premier essai d’Anne Bassi dans l’art du récit. Lorsque je lui demande ce qui l’a conduite à écrire sur le thème de la psychogénéalogie, elle m’interrompt vivement. Si elle s’y intéresse, elle ne se prétend pas spécialiste du sujet. Avec l’histoire d’Anouchka, elle voulait raconter des gens, grappillant son inspiration dans sa vie et celle de tant d’autres qu’elle a croisés sur son chemin. Car, attention, ce n’est pas une autobiographie. Même si… comme son héroïne, elle traînait très souvent, enfant, dans le cabinet d’avocats de ses grands-parents.

« Tout mon parcours de vie m’a menée à ce livre. J’ai entendu beaucoup d’histoires. Petite, parce que, comme je ne parlais pas, on m’oubliait assez vite. Ensuite, devenue avocate, puis en tant que communicante, deux métiers de l’écoute, comme curé, rabbin… ou médecin, mais aussi de la narration. J’ai appris à écouter, comprendre, pour plaider l’innocence ensuite, devant les juges, ou promouvoir une entreprise à travers le récit de son identité. »

L’identité, parlons-en. Rebecca, l’aïeule de l’héroïne, a fui les pogroms en Ukraine, Raïssa, sa grand-mère a traversé la Shoah. Que de silences, de traumatismes à transmettre en héritage ! Pourtant Anne Bassi ne fait que les effleurer. Un choix. Car au-delà de l’histoire des peuples, c’est l’histoire des familles qu’elle souhaitait raconter.  « C’est un livre sur la transmission, sur la mémoire, sur le passé sur ce qu’on pense oublier, mais qui résiste, existe. Un livre qui s’adresse à tous ceux qui s’intéressent à leur histoire, aux mystères de leur héritage et, surtout pour les parents, aux exigences de la transmission. »

Et quand elle parle d’héritage, c’est dans tous les sens du terme. En tant qu’avocate fiscaliste, elle s’est frottée à ces questions en leur sens le plus pratique. À ces moments où le partage veut aussi dire division et douloureuses révélations.

Enfin, pour conclure sur une note positive, comme Anne Bassi le dit, les héritages ne sont pas nécessairement des fardeaux. « Il y a des gens heureux, par nature, presque sans raisons, et personne ne se demande où leur joie prend sa source. Et si c’était dans le bonheur et les réalisations d’ancêtres longtemps oubliés… »

 

Catherine Fuhg

 

 

 

 

 

 

 

 

Commander « Le silence des Matriochkas », Ed. Bérangel, 2020, 16 € 

 

 

 

 

 

 

 

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