La chronique de Lucie Breugghe
15H36 - jeudi 12 novembre 2020

Nouvelle baisse des acquis des élèves français au CP, CE1 et en 6ème

 

Depuis 2017, les élèves français sont évalués en CP, CE1 et 6ème afin de connaître leurs acquis en français et en mathématiques. Il s’agit, selon le site ministériel, de proposer aux professeurs, des « repères sûrs et précis sur les acquis » de leurs élèves et de permettre à l’Ecole « de disposer d’éléments consolidés susceptibles d’éclairer les politiques éducatives » mises en place.

Les passations des évaluations ont eu lieu pour les classes de CP et de CE1 du 14 au 25 septembre 2020 et pour les classes de 6ème du 14 au 2 octobre 2020.

A la première lecture de ces résultats, que ce soit au CP, au CE1 ou en 6ème, les acquis des élèves sont en baisse. Le ministère avance la situation sanitaire pour expliquer cette nouvelle dégradation.

Selon Mr. Andreas Schleicher, directeur de l’éducation et des compétences de l’OCDE, « cette crise a mis à jour les nombreuses failles et inégalités des systèmes éducatifs à travers le monde ». Les jeunes élèves les plus défavorisés sont ceux qui ont le plus été impactés par cette crise. Les établissements scolaires se doivent, rappelle Mr Andreas Schleicher, d’être dotés de ressources permettant à chaque élève d’avoir les mêmes chances d’apprendre et de réussir. Les Etats doivent veiller à ce que les établissements disposent de « ressources adéquates et de qualité ainsi que d’un soutien approprié » pour tous les élèves. Des disparités importantes entre établissements favorisés et défavorisés sont apparues durant cette pandémie, disparités dues à des pénuries de personnel éducatif et de ressources matérielles. De nombreux établissements scolaires souffraient déjà de manque de moyens avant même cette crise sanitaire. C’est le cas des établissements scolaires français. Cette égalité en matière d’affectation des ressources est primordiale non seulement pour l’équité mais aussi pour la performance de notre système éducatif français.

Cette crise sanitaire ne saurait donc à elle seule expliquer le mal dont souffre l’école française. Depuis plusieurs années, nous ne pouvons que constater cette baisse incessante, baisse qui touche toujours d’une manière implacable les élèves les plus fragiles et ceux qui se trouvent en réseau d’éducation prioritaire. Pour rappel, plus on est issu d’un milieu défavorisé en France, moins on a de chance de réussir (évaluation Pisa, 2015).

Des exemples de réformes menées permettant d’assurer la réussite des élèves les plus défavorisés sont donnés par l’OCDE. Plus que jamais, l’école française a besoin de former les enseignants avec une formation initiale sélective, formation académique et pédagogique, et une formation continue de qualité. Le métier d’enseignant se doit aussi d’être réformé.

Comme exemple, nous retiendrons le système finlandais. La réussite tient à la qualité de son corps enseignant. Dès les années 70, une réforme d’envergure a été menée, réforme très sélective qui a renforcé la formation des enseignants. Seuls 10% des candidats postulant à l’université pour la formation dans l’enseignement primaire sont retenus. Ces candidats doivent réussir un examen lié aux apprentissages scolaires et des tests écrits et d’aptitudes qui évaluent les compétences pour la profession, leur motivation et leur détermination à suivre ce cursus. De solides bases dans les contenus théoriques et pratiques sont attendues et la formation est axée sur la recherche, notamment, sur le développement du savoir-faire pédagogique. Les futurs enseignants doivent être en capacité de transmettre les savoirs à différents types d’élèves et s’adapter aux différents besoins d’apprentissage. L’expérience pratique est mise en avant dans ce cursus de formation.

Cet exemple de réforme scolaire réussie n’en est qu’un parmi tant d’autres dans le rapport Pisa 2015. Le système d’éducation français est face à de nombreux défis pour améliorer l’équité et la qualité. Le maniement des savoirs se doit d’être donné à tous et ne saurait constituer une réussite pour les uns et un échec programmé pour les autres. Il faut en finir et cesser de faire de cette non-réussite à l’école le « prototype de tous les échecs ultérieurs » (Bianco, 2015).

Lucie Breugghe

Docteur Sciences humaines

 

 

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