Ensemble contre le coronavirus
06H50 - jeudi 16 avril 2020

Surpopulation : le coronavirus et les prochaines pandémies sauveront-elles l’humanité ?

 

Au début de l’ère chrétienne, la terre était peuplée d’environ 150 millions d’habitants.

1000 ans plus tard, elle n’en comptait qu’une centaine de millions de plus.

Au début du 19ème siècle, la population mondiale franchit le seuil du milliard, pour atteindre 1,5 à 1,7 milliard d’habitants au tournant du 20ème siècle.

Il ne fallut que 50 ans pour que s’y ajoute un second milliard. Depuis, les compteurs s’affolent : 40 ans plus tard, soit en 1990, le nombre de terriens avait plus que doublé (5,3 milliards) et en 2020, nous sommes déjà 7,8 milliards.

La barre des 10 milliards devrait être franchie dans une trentaine d’années. A partir de là, la moyenne des expertises indique une stabilisation de la population mondiale. Sauf qu’une moyenne ne veut pas dire grand-chose, les diverses projections des experts oscillant entre de 7 à 15 milliards de terriens à l’horizon 2100.

Dans son best-seller « Sapiens : Une brève histoire de l’humanité », Yuval Noah Harari nous rappelle à quel point nous sommes des prédateurs cruels et sans pitié pour notre environnement, pour la nature, pour les animaux, et pour nos semblables. Nous proliférons et nous détruisons. Nous sommes les vrais nuisibles de cette planète dont nous épuisons les ressources, poussés par l’appât du gain, par le mercantilisme, par la volonté de dominer, de posséder, de contrôler.

Nombreux sont ceux qui voient dans la surpopulation la mère de tous les fléaux. De tous temps, les guerres et les épidémies ont contribué à réguler la population. Si choquant soit ce constat, il n’en est pas moins exact. Par exemple, la quasi disparition des indiens d’Amérique du nord comme du sud s’explique tant par la sauvagerie criminelle de l’esclavage que par les maladies importées d’Europe dans les valises de la colonisation.

10 milliards d’habitants : la planète peut-elle le supporter ? Il est fort probable qu’il faudra nous résoudre à contrôler la croissance démographique, d’autant plus qu’avant la fin du siècle, on voit mal comment le réchauffement climatique, dont il découlera vraisemblablement la fonte des glaciers et de la banquise, épargnera à des milliards de terriens une terrifiante détresse hydraulique, synonymes de famines, de migrations massives, de guerres et de mort.

Une telle perspective n’est pas pessimiste. Elle est une hypothèse vraisemblable. Sous cet angle, un virus aussi contagieux que notre Covid-19 et aussi mortel qu’Ebola ferait un sacré ménage, débarrassant la planète de la moitié de ses grouillants et destructeurs terriens. Comme il n’y a aucune raison qu’une pandémie de cette envergure ne se déclenche tôt ou tard, ce dont nous venons peut-être de prendre conscience, notre instinct de survie devrait nous inciter à anticiper, à nous organiser, à tout mettre en œuvre pour permettre une vie économique et sociale en situation de confinement, voire pour lui trouver des alternatives.

Individuellement, on ne peut qu’espérer un tel sursaut. A l’échelle de l’humanité, il nous faudra, d’une manière ou d’une autre, cesser de croître comme des nuisibles qui dévorent notre planète. Nous ne voulons ni virus, ni guerre, ni cataclysme environnemental, mais sans une remise en cause radicale de notre façon d’imaginer notre avenir, nous risquons d’avoir les trois !

 

Raymond Taube

Directeur de l’Institut de Droit Pratique, rédacteur en chef d’Opinion Internationale

 

 

 

 

Directeur de l'IDP - Institut de Droit Pratique