Santé / Covid
08H13 - vendredi 5 juin 2020

Séquelles tardives du Covid-19 : ces Français en sursis. L’édito de Michel Taube

 

Ils sont des milliers, peut-être beaucoup plus, comme Stéphane Attal [notre photo] à souffrir le martyr depuis qu’ils sont guéris du Covid-19…

Alors que la revue anglaise Lancet remet en cause l’étude polémique qu’elle avait publiée sur la chloroquine, et que l’OMS réhabilite la molécule, on se souvient que les prévisions ou pronostics de son promoteur du professeur Didier Raoult ont été à plusieurs reprises confirmées par les faits : le net recul de l’épidémie après quelques semaines, ce dont on se réjouit, mais aussi les graves séquelles de cette maladie, en particulier la fibrose pulmonaire, ce qui inquiète et parfois angoisse. On n’avait alors guère prêté attention à cette analyse remontant au 30 avril, au micro de BFMTV.

Depuis quelques jours, le sujet commence à peine à surgir sur le devant de la scène, en France comme à l’étranger, suscitant une crainte de seconde vague d’un autre type, non pas une résurgence de l’épidémie, qui n’est pas impossible, mais une manifestation tardive des symptômes du Covid-19.

Si l’on estime qu’environ 6 % de toute la population française a été infectée par le coronavirus, souvent sans en avoir conscience, cela nous ferait un réservoir de près de 4 millions de malades en puissance, susceptibles d’en subir des manifestations sévères. Il ressort de divers témoignages que même des infectés asymptomatiques, ou dont les symptômes étaient légers, peuvent subir un retour de flammes extrêmement douloureux et pénalisant. Ces informations confirment là aussi les propos tenus par le professeur Raoult il y a cinq semaines : « On voit des lésions chez ceux qui n’avaient pas de symptômes et on ne sait pas comment ça va évoluer. »

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Pour le moment, ce sont surtout les patients les plus gravement impactés, ceux qui ont été hospitalisés, soit plus de 100.000 personnes, qui souffrent des séquelles les plus graves. Le témoignage de Stéphane Attal, communiquant parisien, est édifiant : après avoir été terrassé par le coronavirus, il a été sauvé par la médecine et est rentré guéri chez lui mi-avril. Depuis, il a subi une embolie pulmonaire, est constamment très fatigué, peine à marcher plus de 15-20 mn, et n’arrive pas à retrouver la vie d’avant. Il souhaite fédérer les victimes du coronavirus qui craignent de tomber dans l’oubli du déconfinement et de la relance économique.

A ce jour, un millier de malades se sont déjà regroupés en un collectif parce qu’ils ont le sentiment d’être oubliés et laissés pour compte. A l’heure du déconfinement et surtout de la relance de l’économie, le focus est sans doute mis ailleurs. Mais l’évolution de ce chiffre est à surveiller, en attendant que les autorités sanitaires daignent communiquer des informations précises sur l’ampleur du phénomène.

L’un des symptômes les plus fréquents est une fatigue extrême, rendant impossible toute vie sociale et encore moins l’exercice d’une activité professionnelle. Nombreux sont les malades guéris du Covid-19 qui restent en arrêt maladie et peinent à reprendre une vie sociale « normale ».

Parmi les autres symptômes référencés, on citera une toux persistante, des douleurs thoraciques aiguës, des palpitations, de la tachycardie, ou la perte du goût et de l’odorat.

Selon le professeur Enrique Casalino, qui dirige le service des urgences de l’hôpital Bichat, toute infection peut générer des séquelles très variées. Il ajoute que le service de pneumologie de l’hôpital ne lui a pas fait de retour particulièrement alarmiste, pour le moment.

Par ailleurs, certains patients pourtant guéris se plaignent de troubles psychiques aigus allant jusqu’aux hallucinations décrites comme terrorisantes. Mais là aussi, poser un diagnostic général ou établir un lien de causalité incontestable semble encore prématuré, ne serait-ce que parce que le confinement est lui aussi à l’origine de quelques perturbations psychiques et comportementales, l’une d’elles étant une forme de peur panique paralysante, potentiellement psychosomatique, comme nous l’a expliqué le professeur Casalino.

Ce coronavirus n’a sûrement pas encore dévoilé tous ses secrets, ce qui explique, du moins en partie, les hésitations et parfois les voltes-faces des experts et des autorités sanitaires. Cela leur a été moins reproché que l’expression parfois péremptoire de certitudes contredites par les faits.

Mais surtout, ce qui n’a pas été accepté par la population est le mensonge, celui sur l’inutilité des masques en particulier, mensonge sans doute motivé par le souci d’éviter la panique face à la pénurie. Aujourd’hui, il serait opportun que les pouvoirs publics communiquent le plus vite possible et le plus précisément possible sur l’ampleur des séquelles, tant pour les asymptomatiques que pour ceux qui ont été effectivement été malades.

 

Michel Taube

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